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Les Enfants sans nom
Ecoutez notre clameur quant tant de nos fruits légers
S’écoulent en les creux de ventres rougis par les Epées,
Quand vos gouffres, inassouvis, recueillent nos grains semés...
La nuit râle et les corps glissent en des humus ouatés.
Mais des calices, trop sereins, regorgent de vies sans sève
Le poison piétinant les Semences livrées, offertes
En holocauste à la nudité de sèches Déesses.
La nuit se trouble et se noie en des faits sacrilèges.
Je vous rejette tant ! Dans vos ventres emplis de torpeur
Nos membres s’éreintent en ces coupes assassines, puis se leurrent
Aux rivages de cruelles lèvres quand meurent frêles nos liqueurs;
Nos enfants sans visage aussi meurent sur l’Autel de vos peurs.
Nos corps chutent et se noient dans ces puits, ô! désespoir,
Emplis de larmes tiédies nées d'offrandes tombées au soir.
Pleurez, enfants nés d’un rêve éphémère et sans voix,
Pleurez sur le marbre froid de l'un de ces corps sans foi.
Ô mon enfant ! Dans mon temple (1) si plein de rêves impies
Rejoint mon cri de jouissance bien amère et si triste
Et noie les flammes de ces couches enlacées mais si vides ;
Je veux brûler au seul creuset où ma semence puise.
Jean-Pierre. Poème corrigé le 18/02/2013
(1) poésie
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Les Matins sereins
J’aime la tiède pluie, le vent,
Les fleurs épanouies,
Ce sont les mots Satin
D'une Aube née sur les champs ;
J'aime sa brume qui gémit
Aux fonds des sillons pleins.
J’aime vos rêves indolents,
Le flot d’une lune sereine;
J’aime le rire des enfants
Quand le jeune jour étincelle,
Les bords d’un ciel sans rage
Quand tombe la fine rosée
Pleine des pleurs insoumis.
Les étoiles aussi, nées
Dans la Semence qui passe,
Tremblent au son de mes bruits.
Et puis le chant ému
Du vent fier entrainé
A pousser l’effluve pur
Des fleurs enivrées.
J’aime l’herbe trempée d’écume,
Le silence réveillé
Par un bruit qui émarge ;
J’aime sentir l’air sans fard
Frissonner dans l’Azur
Quand glisse l’Astre éclairé.
Mais j’aime, avant toute chose,
L’éclat bleu d’un regard
Plein de silence sans mots,
Plein des troubles qui seuls égarent…
Jean-Pierre
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Les Yeux de l’Outre-tombe
- la Résurrection -
J’aimerai en le Monde sans faille
Voir les vers en mon corps osseux,
Sentir l’humide plaine au ventre noir
Brûler la loque de ma peau fade,
Humer le cri des bois sans cieux
Pourrissant dans l'Entresol moite.
Dans des linceuls emplis de sommes Murmurent les épidermes poudreux Quand pleurent nos morts plein de douleur, Quand des Croix sur un monde sans Dieux Abreuvent de pureté milles tristes aïeux.
Vous, mortels, toisez dans le creux
De ces puits l’Oeil au large regard
Plongé vers ce monde sans nuage
Malgré ces terres lourdes et boueuses.
Quand nos corps veillés de démons
Descendront l’escalier des plaintes,
Quand les vermines, pleines de nos chairs,
Tapineront dans l’Outre-tombe,
Quand les fleurs posées sur nos pierres
Embaumeront votre monde serein,
Laissez la mort au bec glabre
Dépecer nos cadavres assagis,
Laissez la nuit, tombe silencieuse,
Endormir nos restes poussiéreux.
Les heures écument les immondices,
Cela est-il un beau présage ?
Jean Pierre
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Le Quai des oubliés
Crevez l’Outre de tous les vents salés
Laissant aux bords de noires rues pavées
Nos fragiles fétus déguenillés ;
Ils sont l’Oiseau à l’aile opprimée.
Les Dieux n’ont-ils pas à la rosée
Offerte une fleur issue du brasier ?
Mais l’Impur meurt, pris dans son pécher,
Par une langue soumise et égarée;
Verlaine, doux ami de l’Aliéné !
Dans ta meurtrière absinthe, blessé
Au corps par le dague de l’Effronté,
Tu laissas au fond des bars les jets
De ton mal, poèmes empoisonnés.
Ton membre brûle dans mille mains débauchéesQuand des éphèbes, aux mœurs inavoués,
Ouvrent leurs braies pleines de verges esseulées,
Quand leurs doigts sur les glaives maculés
Se souillent de semences éjaculées.
L’ombre de ces râles toujours empierrés
Sur tant de quais m’attriste. Ces bruits, nés
Aux détours de noirs soirs perturbés,
Troublent mon lit où je dors si blessé
Entendant leurs complaintes éprouvées
Quand de ces membres naissent des eaux nacrées.
Même la nuit, quand la pluie trempe l’orée
De ces envies ivres du charme osé,
Voit l’amant solitaire éploré
Dans l’attente d'un pieu roide gonflé et mouillé.
Ô! froid, adoucit l'heure sans pitié
Quand des mains moites aux doigts esseulés
Tant brulent leur chair en le noir des quais;
Quant au loin naissent seuls les échos usés.
Oh Verlaine ! Pleure dans ta tombe esseulée
Puisque ton corps, dans ta tourmente troublée,
Toujours suinte. Voit ces êtres désemparés,
Hommes nus, vers pourrissants et oubliés,
Fendre l’enfer de ruelles dépravées ;
Soit l’amant de ces vils êtres effrontés,
Soit cette main impure mais tant recherchée...
Puis toujours mille verges chutent, seules et usées.
Jean-Pierre. Automne 1996
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Les rêves Marcelins
Que devient le ciel sur les Monts bleus
Sombrant dans l’abysse ténébreux ?
Il me revient à la mémoire
Des danses , enivrantes et lunaires;
Votre regard orné de lumière
Où l’ange allume les jeunes étoiles;
Et vos bras pleins d’ivresses gourmandes;
Et votre peau vêtue du satin
Que jalouse l’intrépide matin.
Je me souviens d’un rêve…Silence !
Le ciel écoute la valse sans bruit
De nos pas dans l’Hymne sensuel
Puis écoutez, tendre fruit charnel,
Le noir envieux de nous languit.
Ecoutez le jour coléreux
Impatient et impétueux.
Il me revient à la mémoire
Une nuit saoule, ivre de ma jeunesse…
J’entends votre joie magicienne
Quand j’ai cueilli dans le Grimoire
La plus belle des Eternités
Pour vous vêtir d’Or et d’Azur ;
Notre danse, comme un fruit frais et mur
Abreuvant les dieux séculiers
Parfume encore le doux présent.
Et si la jeune lueur sauvage (1)
Etouffe notre temps dans son sillage...
Qu'importe, l’Espoir est mon offrande.
Le jour se soulève silencieux
Irisant le ciel de notre feu.
Pour Marcelle. Dimanche premier Février 1998.
Jean-Pierre
(1) le temps qui passe
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