• - Affiliation directe et ascendante de Roienteline

     

    Je viens de lire dans le journal le Petit Bleu, de cette semaine, un article consacré à Dinan et rédigé suivant des propos tenus par monsieur Y.C. lequel, d’après certaines informations, est historien du patrimoine et  résidant à Lanvallay. Celui-ci, à l'inverse de votre travail, présente Roiteline, mère de Josselin de Dinan, comme étant la fille de l'archevêque de Dol Wicohen. Quand est-il réellement ? Merci de bien vouloir répondre à ma question.

    Françoise Blanchart

     

     

    Bonjour Françoise.

     

    Certains auteurs ont effectivement avancés ce propos quand d’autres ont simplement émis une hypothèse. Ainsi le docteur  Huet, quant il écrivit son ouvrage nommé Les Appartenances du Pays de Dinan à Travers les Ages, écrit  en sa page n°53 la phrase suivante : Wicohen veut garantir la propriété d’une partie de ses biens  à une prétendue nièce Roianteline, mais, en tant que prêtre, refuse de s’avouer père illégitime.  Sur qu'elle pièce ou sur quelle charte monsieur Huet a t-il pu s’appuyer pour affirmer que Roienteline était la fille de l’archevêque Wicohen et que celui-ci ne pouvait pas s’avouer père illégitime ? Cette phrase n’est-elle pas légèrement colorée ? A ma connaissance il n'existe aucune charte écrite relatant cette affiliation directe avec Wicohen, cette dernière charte ne pouvant d'ailleurs exister  puisqu'il existe une charte laquelle, quant à elle, cite réellement le nom du père de Roienteline lequel n'est pas de dit Wicohen. Le docteur Huet a écrit un ouvrage sincèrement très intéressant mais lequel cependant comporte certaines erreurs et celle-ci en fait partie. Je ne saurai trop rappeler ici l’importance de la lecture des chartes religieuses du moyen-âge, qu'elles quelles soient (le moyen-âge), lesquelles font partie des rares pièces dignes de foi pour tout ce qui correspond à des recherches de généalogies très anciennes. Il nous faut donc faire attention, à défaut de pouvoir avoir accès à certaines de ces mêmes chartes, de présenter toutes affiliations généalogiques comme certaines si celles-ci ne peuvent pas  êtres confirmées par des écrits originels et anciens, que ces écrits soient des écrits religieux ou bien des actes ou sentences d'une justice rendue. En cas d’absence de toute confirmation conduisant à une certitude, il fait alors toujours émettre une affiliation supposée. L’archevêque Wicohen semble naitre vers 920 puisqu’il accède au siège épiscopal de Dol vers 944, ce dernier étant cité lors de la rédaction d’une charte relative à une donation faite à l’abbaye de Landevenec  au lendemain d’un conflit ayant été remporté par Alain Barbetorte. Roienteline quant à elle, née vers 970-980, est citée dans une charte de donation relative à une terre de Combourg qu’elle fit vers 1031 à l’abbaye de Saint-Georges de Rennes (Dedit Rojantelina vicecomitissa ann 1031 terram uni aratro sufficientem id est unam medietariam in Coburn). Il est vrai que l’écart générationnel ici présent est déjà par lui-même et pour l’époque relativement important, Wicohen aurait alors été âgé de plus de 50 ans à la conception de Roienteline. Mais le plus important c’est qu’il existe une pièce écrite précisant le père de Roienteline fille de Riutall (ou Rival, Riwallon etc). Cette pièce est une charte religieuse laquelle, rédigée entre 1015 et 1034, année du décès de la duchesse Havoise de Normandie, confirme par Alain III comte de Bretagne les différents dons faits à l’abbaye du Mont-Saint-Michel. Roienteline, dans cette charte, est citée aux côtés de son frère et neveu et le nom de son père est alors également cité : (signum Alanis comitis, S.Adhugis comitisses matris ejusdem comitis, S.Eudonis fratris ejudem Comitis, S. Gingonei Dolensis Archiepiscopi... Roiantelen filia Riutall.Hugonis filius ejus. Gauffredi filli ejus…signent Alain comte, Havoise comtesse mère du même comte, Eudes frère du même comte, Ginguené archevêque de Dol, Roianteline fille de Riutall, Hugues fils du même, Geoffroy fils du même.). Je ne voudrai pas finir ici ma réponse sans conseiller également une démarche toute aussi prudente pour tout ce qui concerne la vie des Saints bretons lesquels, dans leur globalité, ont vu leur vie respective auréolée de légendes aussi diverses que multiples. Il en est de même pour le moine Baloa et la dénomination de notre commune de Lanvallay. La seule certitude que nous savons, quant à l’apparition de l’orthographie de notre commune,  c’est que ce nom , cela en tant que nom de la dite paroisse de Lanvallay, apparaît pour la première fois en 1205. Cependant en tant que patronyme seigneurial il apparaitra bien avant dans différentes chartes et religieuses et de justices et cela sera notamment vers 1165 au travers de William de Lanvallay lequel patronyme alors s’écrivait Lanualei, le U ayant été remplacé par le V, tout comme Riutall lequel a donné Riwall puis Rival (dans des écrits rédigés en vieux françois, William de lanvallei se trouve aussi écrit : William de Langvale. Ainsi dans le livre intitulé  le Livere de reis de Engletere, livre édité en 1865 et reprenant l'ensemble des écrits relatifs aux rois d'Angleterre, un texte rédigé dans le 15ème siècle peut-être, reprend l'épisode du mariage de William de Lanvallei; dans ce texte écrit en très vieux françois William de Lanvallei s'écrit : William de Langualec. Il en est de même pour le prénom de Roianteline fille de Riutall, le J ayant été remplacé par la lettre I bien que cette même lettre soit, elle aussi, utilisée dans d'autres mots et cela à la même époque que l'utilisation du J. Ainsi, Roianteline s'écrit aussi, dans différents textes anciens, Rojanteline.  Josselin de Dinan, dans la toute première charte le citant, est appelé  Gotscelinus de Dinan, cette charte ayant été rédigée au lendemain de la mort d'Alain III duc de Bretagne lequel meurt en l'année 1039. Nous voyons très bien ici combien il faut faire attention avec les évolutions successives orthographiques apportées à l'écriture d'un même nom et ne pas tirer ainsi et trop vite certaines conclusions  construites sur l'orthographie même d'un nom). J’espère très sincèrement avoir su répondre à votre question. Merci pour cette dernière.

     

    Jean-Pierre

     

    « - Les feudataires en l'évesché de Dol au XII et XIII siècles; l'Abbaye de Vieuville- Roianteline et l'apparition du nom de Dinan »

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  • Commentaires

    1
    Philippe BACQUER
    Jeudi 8 Juin 2017 à 11:00

    Bonjour ,

    Je m'intéresse à Roianteline femme d'Hamon.

    on trouve dans le "Pouillé historique de Rennes" à propos de l'abbaye de Chavagne que la vicomtesse aurait reçu Chavagne de son premier mari le vicomte Eudon..

    Que pensez vous de cette assertion...et qui était ce vicomte

    Merci pour l'excellent travail que vous faite et dont je me sers pour mes études sur DINAN

    Merci d'avance

    Philippe

      • Vendredi 9 Juin 2017 à 00:37

        Bonjour Philippe

        Si l'assertion du Pouillé de Rennes concernant Roianteline est "véritable", assertion relative à la donation de l'église de la "Chapelle-Janson" rapporté par le seul abbé Guillotin de Corson auteur du dit pouillé,  Il est vrai alors que cette information  peut nous  interpeller. Roianteline, dite la "vicomtesse", aurait-elle pu avoir un premier époux avant qu'elle prenne pour époux Hamon d'Aleth ? Josselin de Dinan voyant le jour vers 1000 Roianteline sa mère doit voir elle le jour vers 970-980 soit à peu près 50-60 ans avant la fondation de l'Abbaye de Saint-Georges de Rennes; également 50-60 ans avant que Havoise de Normandie, alors veuve depuis 1008 de Geoffroy 1er de Bretagne, donne en 1034  à la dite abbaye alors en train de naitre le bourg de Chavagne, bourg proche de Rennes, bourg éloigné de cette ville comtale de seulement 14 km et relevant alors très probablement d'icelle [à noter cependant que dans la charte relatant la dite donation de Chavagne faite en 1034 par Havoise le nom de Roianteline n'est point du tout cité. Seul Eudes au travers de son héritage laissé à la faveur de Geoffroy fils de Conan 1er, Eudes étant nommé" Eudonis vicecomitis" ,est lui en effet cité]. Le bourg de Chavagne sera offert à Geoffroy époux de Havoise avant la dite année 1008 par le vicomte Eudes alors sans héritiers aucun et époux de la dite Roianteline celle-ci beaucoup plus tard, en la dite année 1031, donnant à la dite abbaye de Saint-Georges de Rennes une communauté de femmes qu'elle avait du temps de son dit marie Eudes créée personnellement à Chavagne.Ainsi le dit bourg de Chavanne intègrera t-il le douaire de la dite Havoise offerte que sera ce bourg à la femme du duc Geoffroy. Au regard du décès en 1008 de Geoffroy époux d'Havoise, au regard aussi vers 1000 de la naissance de Josselin de Dinan nous pouvons penser que la donation du bourg de Chavagne offerte par le vicomte Eudes , époux de la dite Roianteline, fut faite avant la dite année 1008, mais avant aussi la dite année 1000. Eudes le Vicomte, de son vivant possesseur du dit bourg de Chavagne semble avoir été peut-être plus âgé que son épouse celui-ci  décédant sans héritier avant la dite année 1008.                

        Né vers 960 cet Eudes dit époux de Roianteline, vicomte de sa charge, possesseur de la dite terre de Chavagne, terre  relevant alors du comté de Rennes, à ma connaissance est le seul " Eudes le Vicomte" géographiquement assis ici près de Rennes qui fut cité par l'Histoire avant l'an 1000. Sachant que ce comté sera très peu de temps après le bien personnel de la famille de Porhoet, elle issue de Gue(i)thenoc, puisque Eudes de Porhoet, fils de Josselin et petit-fils de Guethenoc [Guethenoc cela au travers de Guithenoc, me semble avoir été aussi cité avant 1038 lorsque Alain III duc de Bretagne confirmera aux moines de Marmoutier la donation de l'église de Marcillé, donation offerte au Grand monastère par Guerin alors évêque de Rennes. Marcillé, aujourd'hui Marcillé Robert, se trouve seulement à 10 lieues de Chavagne ! Cette charte est intéressante dans la mesure où elle annonce l'existence d'un autre enfant de Guethenoc cela au travers de Junguené alors prestre en fonction en la dite église. Peut-on par cette charte jeté un pont entre Junguené fils de Roianteline, archevêque de Dol et notre dit Junguené fils de Guithenoc ? Guillotin de Corson aurait-il pu "tirer" cette affirmation à la lecture de cette même charte ? Jungeneo filio Guithenoci, presbitero de Marcilliaco teste. , sera dit  en une charte "vicomte de Porhoet et comte de Rennes " peut-on avant l'an 1000 avoir été possesseur de la dite terre de Chavagne, terre assise toute proche de Rennes, avoir été dit aussi "vicomte", sans avoir été pour autant alors le "vicomte de Rennes"  en exercice ?  Le nom de Josselin de Porhoet né vers 1000, celui-ci ayant été le fils aisné de Guethenoc, Guethenoc ayant été lui   la "souche première" des seigneurs de Porhoet , doit-il ou peut-il être rapproché de celui de Josselin de Dinan celui-ci ayant été le fils de la dite Roianteline lui aussi né vers 1000 la dite Roianteline ayant été elle aussi du temps du dit Eundes le vicomte  "possesseur en Chavagne ? Au regard de la dite terre de Chavagne assise proche de Rennes, au regard du fils de Guethenoc nommé lui aussi Junguené, également  de la présence du dit prénom "Josselin présent lui aussi et en la famille de Porhoer et en la famille de Dinan, peut-on penser que le dit Eudes le Vicomte, de son vivant avant 1000  possesseur de la dite terre de Chavagne, fut à défaut d'être le père ou le frère aisné du dit Guethenoc un parent très proche de celui-ci ? Roianteline mère de Josselin de Dinan a t-elle pu être par sa première union la tante du dit Josselin de Porhoet ? Pour moi, mais cela reste ma pensée personnelle bien sur, le dit Eudes le vicomte, en la fin de sa vie "dit" époux de Roianteline, fut très probablement un parent "très très" proche du dit Guethenoc, voir même peut-être son frère aisné. Peu de temps après Conan 1er comte de Rennes le premier seigneur de  Porhoet fut très probablement un "juveigneur" de cette puissante famille maitresse de Rennes et la transmission du dit prénom de "Eudes" prénom  transmis aussi en sein même de la famille ducale par" Eudes fils du dit Geoffroy 1er"  semble bien pouvoir étayer ce fait même. Ainsi Roianteline veuve en première noce du frère supposé de Guethenoc, si le propos de Guillotin de Corson est vrai, aurait-donc été par son défunt époux apparentée à la dite famille ducale issue de Conan 1er. Doit-on pouvoir ainsi  expliquer par cette seule supposition le fait que Hamon le second époux supposé de la dite Roianteline fut choisi  par Geoffroy 1er fils de Conan pour devenir le "gouverneur" de ses propres enfants, à savoir en quelle charte ain et Eudes ? Cela reste bien sur qu'une supposition par moi émise...Cependant pour "preuve de la véracité" de tout cela il serait toutefois très intéressant de savoir en quelle charte écrite l'abbé de Corson à puisé cette ou son information. Voilà Philippe ma pensée...

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