• - 780. Les Machetierns du Vannetais

    780. Les Machetierns du Vannetais

    780. Les Machetierns du Vannetais

    780. Les Machetierns du Vannetais

     

      780. Les Machetierns du Vannetais

      

    Les chartes de l’abbaye de Redon

     

    Les chartes religieuses des 9ème, 10ème et 11ème siècles, quelles qu'elles soient, sont toutes, par leur nature originelle même, d'authentiques pièces d'archives. Elles sont donc autant de témoignages très importants pour qui veut étudier l’histoire du haut moyen-âge, que cela soit l’histoire de ce qui fut notre duché de Bretagne ou de toute autre région aussi. Ces chartes font ainsi partie des rares témoins sans faille lesquels souvent attestent, et cela sans aucune erreur humaine possible, certains des us et coutumes de notre passé féodal à partir desquels depuis notre société d'aujourd'hui lentement s’est construite. Certaines de ces chartes, très tôt, ont également contribué à l'écriture des premiers livres consacrés à notre histoire. Il est vrai cependant que très souvent leur objet principal est presque toujours le même lié qu'il ait à la donation de biens ou de terres, donation ordonnée par un donateur et permettant de ce fait, à ce dernier, celui-ci souhaitant s'amender devant Dieu, d'acheter le Pardon céleste et d'effacer pour l'éternité l'ensemble de ses fautes, celles-ci étant très souvent, dans ces mêmes chartes religieuses, accompagnées des fautes commises par les propres parents du donateur que ceux-ci soient décédés ou vivants. La lecture de ces chartes est très importante pour le simple fait aussi que ces dernières, très souvent, contiennent également des informations complémentaires liées par exemple soit à un ensemble d'individus soit au contexte géopolitique d’une région et cela à un moment précis de leur histoire respective, aux moments pendant lesquels ces mêmes chartes ont été respectivement écrites (la fondation du monastère de Plelan le Grand, par le roi Salomon, contient certains renseignements très intéressants quant à la raison même de sa réalisation. La charte relative à l’adoption du roi Salomon par la princesse Roiandrech, quant à elle, contient elle aussi des informations méritant une lecture approfondie. D’autres chartes vont permettre de confirmer l’affiliation généalogique d’un individu par rapport à un autre ; ainsi l’existence de Conan fils d’Erispoë est attestée dans une charte de la grande abbaye de Redon. La première histoire de Bretagne a très probablement été étudiée puis rédigée seulement après que l'Auteur ait lu et ses Chroniques et ses différentes chartes religieuses). C’est ainsi que la lecture des chartes de l’abbaye de Redon nous ont permis de mieux comprendre le principe du marchtierna et cela notamment au travers du rôle joué politiquement par deux familles seigneuriales lesquelles ont toutes deux occupé une place très importante dans les premières heures de notre Histoire la fonction de machtiern étant une conception de la société du haut moyen-âge propre à la Bretagne (Plus tard, lorsque nous étudierons ensemble la généalogie première de la famille seigneuriale de Lanvallay, nous nous aiderons, dans notre travail, d'un acte de justice rédigé avant 1209 lequel, directement, confirmera que cette même famille seigneuriale n'est pas sortie d'une branche cadette de la famille seigneuriale de Dinan. Cet acte de justice sera confirmé dans son contenu, et aussi dans la généalogie qu'il contient, par une charte religieuse concernant certains individus déjà énumérés dans ce même acte judiciaire. Nous voyons très bien ici toute l'importance que peut contenir la seule lecture de ces même pièces écrites originelles).

    Le Cartulaire de l’abbaye de Redon est très ancien et la lecture de ses premières chartes religieuses, rédigées dès le 9ème  siècle, nous permet donc de mieux comprendre certaines des premières pages de notre histoire de Bretagne (Il manque malheureusement un nombre très important d’actes ou de chartes religieuses, près de 150 chartes manquantes ont ainsi pu être estimées la première transcrite datant seulement de 839) ; certains informations réunies mais toutes relatives à différentes chartes rédigées peuvent ainsi, et cela quelques fois, nous permettre d’émettre certaines nouvelles hypothèses ou idées (Aurélien de Courson de la Villeneuve a rédigé en 1863 un livre intitulé : Cartulaire de l’abbaye de Redon en Bretagne. Son ouvrage reprend l’ensemble des chartes parvenues jusqu’à nous et cela dans l’intégralité de leur texte respectif). 

     

    Dans les premières heures du 9ème siècle l’unité bretonne n’existait pas encore et la Bretagne, dans son étendue géographique, allait grandement se modifier dans la seconde moitié de ce même 9ème siècle. Rennes, Nantes et Vannes, trois villes stratégiques pour l’empire franc en 839 ne faisaient pas encore partie de la Bretagne. Elles étaient toutes trois dépendantes d’un autre grand ensemble, un ensemble défensif regroupant les 2 marches franques séparant dans un but sécuritaire l’empire franc et des insoumis Bretons et des envahisseurs nordiques ; Vannes en l'année 834 sera placée à ce titre sous la direction de Nominoë quand ce dernier sera nommé par l'empereur Louis le Pieux au gouvernement de la province de Bretagne(Venerabilis Hlodouuici , gubvernante  Nominoe Britanniam…Vénérable Louis, Nominoë gouverneur de Bretagne), Rennes et Nantes quant à elles ne seront annexées à la Bretagne que plus tard, mais avant l'an 851 toutefois, année en laquelle décèdera le Prince Nominoë (voir la carte ci-dessus jointe. Il est très intéressant de remarquer, sur cette même carte, que l'ensemble des plou ou des plèbes relevant de la famille du machetiern Iarnhitin étaient tous situés à l'extérieur de la région dite de Bretagne tous ses plou étant positionnés à l'intérieur même la marche Frank-Bretonne. Relevant du comte Wido, lequel sera responsable de cette marche frank sous Louis le Pieux, nous pouvons penser que l'ensemble des individus occupant alors ce territoire défensif devaient déjà se considérer, et cela avant toute chose, comme étant des bretons à part entière puisque l'une des premières révoltes de ce peuple breton, révoltes alors toujours soulevées contre l'emprise de l'empire franc, sera issue quant à elle de cette même terre). Etant l’une des provinces principales constituant la Bretagne au 10ème siècle le Vannetais, au début du 9ème siècle, était une vaste région remontant verticalement de la mer à Ploërmel, région alors englobée en très grande partie dans l'immense marche militaire franco-bretonne de l'empire Franc (le Vannetais était alors constitué de deux régions dont l'une, appelée le Vannetais Occidental, était située autour de Allaire ou le Bas Vannetais quand l'autre, le Vannetais oriental ou le haut Vannetais était quant à elle située autour de Ploërmel l'ensemble de ce même Vannetais étant alors déposé entre les mains de deux grandes familles de Machtierns, à savoir celle issue de Iarnhitin dit l'Ancien et l'autre issue de Iarnwocon).

    Ainsi après la lecture de quelques chartes de l'abbaye de Redon l'étude d'une charte rédigée entre 1029 et 1037, celle qui est référencée n° 289 folio 138, va nous permettre un peu plus loin dans ce texte d’émettre une première supposition quant à l’affiliation généalogique ascendante et éventuelle de la Vicomtesse Roianteline, cette princesse qui en son temps fut mère en autre d'Haimon le Vicomte, de Josselin de Dinan et de l’archevêque de Dol Junguené.

     

     

     

     

    Les Machetierns du Vannetais  

     

    Jarnhitin 1er ou Iarnhitin ou Janithin

    Redigée en décembre de l’année 813, sous le règne de l'empereur d'Occident Charlemagne, une charte du cartulaire de l’abbaye de Redon, citant Jarnhitin, est dite avoir été rédigée sous le règne de Iarnhitin. Ce terme ‘règne’ a laissé très longtemps supposer et à tors très probablement, que Jarnhitin ou Iarnhitin avait été l’un des premiers rois de Bretagne (Fuit hoc factum in Vi feria a nativitate Domini et fuit Nativitatem, Domini de die dominica, in ipso anno emesit spiritum Karolus imperator , regnante Jarnhitino , Widocomite et Isaac episcopo…). Il est toutefois certain que Jarnhitin fut l’un des plus grands et puissants Machtierns (ou mach-tiern ce terme désigant par ses composants orthographiques le Maitre d'une Maison) du Vannetais Jarnhitinum machtiernum…venit ad supradictum tyrannum Jarnhitinum. Comme premier représentant d’un village le machetiern était la plus grande autorité civile et pénale d’un plou exerçant, et cela par sa seule personne, l'ensemble des fonctions attachées aux institutions civiles. Il pouvait ainsi prononcer des peines exécutoires ; son autorité, sans être seigneuriale, pouvait être cependant très étendue, très grande et très importante et occupant alors, toujours socialement et judiciairement, une place de tout premier rang placée aussitôt après la charge comtale laquelle, charge non héréditaire, était confiée seulement par l’empereur à l'image de celle du comte Wido lequel, après sa disgrâce, fut probablement remplacé au gouvernement de la Bretagne par Nominoë (les machetierns seront souvent nommés dans les chartes Princeps plebis ou Prince de la plèbe). Une terre en principe ne pouvait avoir qu’un seul machtiern mais un même machtiern pouvait exercer son rôle de 1er magistrat dans plusieurs plou (Dans la région de Redon plus d'une douzaine de Plou relevant de la famille de Iarnhitin 1er dit l'Ancien étaient alors présents; les plou de Bain, de Plaz, de Langon, Carentoir, Renac, Rufiac, Sixt, Tréal, Allaire, Peillac, Molac, Pleucadeuc, Rieux. Réf : Histoire de Bretagne d'Artur Le Moine de la Borderie.                         Lors des donations successives de plou au moine Couvoyon, donations faites pour la fondation de ce qui allait devenir la grande abbaye de Redon, Ratuili, lequel était le petit-fils de Iarnhitin 1er, donnera les plebes de Bain, de Renac et de Langon. Sur ces mêmes terres, plus tard, lorsque l'abbaye sera édifiée, les Maîtres abbés de l'abbaye de Redon auront eux aussi, et cela très probablement, les mêmes responsabilités et prérogatives de Maîtres de Plou. Au dessus de cette même région d'autres plou sont présents aussi, notamment celui de Riwall fils de Iarnwocon, machtiern de Campénéac, cette famille de Princeps étant alors en possession des plou d'Alcam, aujourd'hui Augam, d'Arthmaël pour Ploërmel et Kempénoac pour Campénéac ); cette charge civile et judiciaire étant héréditaire elle permettait souvent l’accroissement d’un patrimoine fiscal lequel, alors, était attaché à la fonction même du machtiern. Transmise de génération en génération cette fonction de magistrature, laquelle alliait donc le civil et le pénal, favorisait ainsi souvent l’émergence ou l’apparition d’une élite sociale et cela au sein d’un même village ou d’un ensemble de villages. Tyran pour quelques uns (le terme Tyran n'est pas à prendre ici au sens propre du mot, le tyran étant une personne très importante disposant d'un pouvoir presque absolu sans pour autant être ni prince ni roi) certains machtierns furent si puissants qu’ils furent considérés comme de véritables seigneurs et princes de leur propre région, cette élévation étant en cela permis par l’absence même de toute réelle unité bretonne. Donateurs de terres multiples sur lesquelles certains abbayes ainsi s’érigèrent ils furent ensemble l’un des nombreux outils lesquels permirent, en autre, l’implantation aussi en Bretagne de la jeune religion chrétienne.

    Bien que nous ne connaissions pas quel homme fut son père nous pouvons donc raisonnablement penser que Iarnhitin 1er reçu certainement, et cela d’une façon héréditaire, la fonction de machtiern en les différents Plou (paroisses) relevant alors de sa charge, à savoir notamment celle de machetiern de Pleucadeuc (commune située aujourd’hui en dessous de Ploërmel, sous Malestroit).

    Lorsque Worwelet (Wrwelet, Uuoruuelet) senti sa fin s’approcher il demanda à paraître devant le machiern Iarnhitin afin que celui-ci puisse lui donner une terre sur laquelle il pourrait demander pardon pour tous ses pêchers commis ; accédant à sa demande Iarnhitin lui donna ainsi la terre de Rosgas appelée aussi Botgard (ce qui fut hier la paroisse de Roga est situé en dessous de Malestroit, sur la droite. Cet acte est important, comme toutes les donations faites par les machetierns d'ailleurs, quels qu’ils soient, celui-ci démontrant très bien le fait que les machtierns étaient des propriétaires de terres étendues, seigneurs en leurs plous). Lorsque ce dernier vint à mourir son fils nommé Worwolet lui aussi à son tour demanda à paraître devant Iarnhitin, au lieu dit Lisbedu, (Lis : Cour ; Bedu : Bouleau ; la Cour du Bouleau. Jarnhitin en 826 habite alors le manoir de Lisbedu ou la Cour des Bouleaux lequel était alors situé dans le plou de Pleucadeuc) afin de pouvoir remercier Iarnhitin de sa conduite tenue hier envers feu son père; il lui offrit pour cela deux flacons de vin. Le machtiern Jarnhitin, lequel en cet acte est présenté comme étant prince héréditaire, décide de reporter sur le fils du défunt le don accordé précédemment à son père Worwelet en lui offrant toute la forêt et ses bois situés à ses alentours et cela afin que lui-même puisse se préparer à vivre une retraite spirituelle lui permettant ainsi à son tour de s’extirper du monde comme un ermite le ferait dans son désert et n’ayant, pour seul souverain, que Dieu. (Haec Haec carta indicat atque conservat qualiter venit Uuoruuelet ad Jarditinum machetiernum querere locum ubi qui discitur Rosgal et alio nomine qui dicitur Bothgarth et postea obiit Uuoruuelet, post haec, filius ejus, Uuruuelet nomine, venit ad supradictum tyrannum Jarnhitinum ad Lisbedu et secum duas flacones uina obtina portantes deferens et ipsius tyranni tunc erant Doitanau , presbyter, ejus cabellanarius et Houuoris mair in plebe de Cadoc et postea in illa supradicta villa que dicitur Lisbedu ille Jarnnithin dedit illi Uuruueletdo, sicut hereditarius et princeps locum supradictum in elemosina sempiternaet dedit illi licentiam quantum ex silva et saltu in circuitu potuisset preparare et abscedere atque eradicare sicut heremitario in deserto qui non habet dominatorem exepto Deo solo).

    Ce même acte sera de nouveau confirmé, un peu plus tard, dans une seconde charte laquelle reprend à l’identique certains passages écrits précédamment (Wrwelet venit ad Jarnitihinum mactiernum quere locum ubi peccata sua poeniteret et Jarntihin dedit illi locum Rosgas qui alio nomine dicitur Botgart. Et postea obiit Wrwelet. Aliquo post tempore filius ejus Worworet venit ad supradictum tyrannum jarnitihin dedit sicut hereditarius et princeps locum supradictum in eleemosinam…)

    Personnages puissants parmi les puissants de Bretagne Iarnhitin et ses enfants seront ainsi cités dans une multitude de chartes toutes déposées dans le cartulaire de l’abbaye de Redon. Au lendemain de la mort de l’Empereur Charles le Grand les bretons de nouveau se soulèvent contre l’autorité franque ; Iarnhitin apparaît au même moment dans différentes chartes religieuses comme étant machtiern de plusieurs Plous, notamment celui de Molac, de Pleucadeuc, de Rufiac, de Carentoir (un ensemble de paroisses toutes positionnées entre Rennes et Vannes et entre Ploermel et Redon), Plous tous situés alors dans le Vannetais occidental en limite de la grande Marche Gallo-Frank laquelle comprend toujours, à la fin de ce même 8ème siècle, les comtés de Vannes et de Rennes. Apparaissant dans certaines chartes avec l’appellation de prince, il est alors probablement choisi par les mêmes vannetais occidentaux de la Marche Gallo-Frank pour les représenter,et cela en tant que prince ou chef de cette région, auprès de Wido alors comte frank de la Marche bretonne choisi par l'empereur.

     

    Dès l’an 820 son lignage apparaît. Son fils Portitoë en effet est cité adulte, seulement quelques années après, dans une charte de l’abbaye de Redon quant ce dernier donna aux moines de la susdite abbaye, le 28-11-834, le petit monastère de Roga ce monastère étant, en ses tous premiers débuts, qu’un simple et minuscule ermitage (Relire ci-dessus quand Jarnhitin donne à Worwelet une terre sur laquelle celui-ci souhaiterait devenir ermite. Cet ermitage, devenu monastère en un temps très court, était situé au bord de l’Oust, à 4 lieux de Malestroit).

    Le lignage de Iarnhitin apparaît aussi dans plusieurs autres chartes de cette même abbaye de Redon notamment un peu plus tôt quand ses deux fils, Portitoë et Wrbili, (ces derniers au niveau de leur charge respective de machiern relèvent alors tous deux directement de l’empereur Louis le Pieux ; ils seront appelés vassi dominici) sont cités en avril 821 aux côtés de Wido comte frank de Vannes tous deux présentés alors comme étant machtierns (machtierns hériditaires) du même Plou de Carentoir. Cette charte en elle même est importante puisqu'elle appuie le fait qu'un même plou pouvait effectivement être transmis héréditairement, et cela dans une forme d'indivisibilité, entre les héritiers d'un même machetierns ces héritiers devenant eux aussi et à part entière machetierns à leur tour d'un même plou hérité. (aprilis, regnante domno et gloriosissimo imperatore Lodouuico , Uuidone comite in Venedia, Raginario episcopo, Portitoe et Uurbili macternii in plebe Carantoerense…en avril du règne du glorieux seigneur empereur Louis, Wido comte de Vannes, Raginar evêque, Portitoë et Wurbili marchetierns de la terre de Carantoire). L’église de cette paroisse est citée elle aussi, très peu de temps après, en 833, sur plusieurs autres chartes de l’abbaye de Redon ; le nom de plusieurs prêtres attachés à cette même paroisse et détachés aussi soit auprès de l’abbaye de Redon ou soit auprès d’autres monastères situés à proximité de cette même paroisse sont cités également. Carentoir en tant que paroisse ou plou possédait différents lieux dits lesquels se prénommaient en autre Lisnovid, Trebdeoc, Trebarail ou encore Macoer. Mellac, lequel était aussi intégré dans ce même ensemble de lieux dits, existe toujours aujourd’hui. Son petit-fils Ratuili, lequel est le fils d’Uurbili permettra, par la donation d’une terre située au plus près de sa demeure de Lisnovid la fondation de l’abbaye de Redon (Né vers 810 Ratuili était alors en possession aussi des plou de Sixt et de Bain, le plou de Bain comprenant à lui seul, quant à lui, les actuelles communes de Craon, de Tremaca, le Fournel, le Faux, Noyal, le Bignon, Arguignac et Coathinnoc. Nous voyons ici encore très bien l'importance des biens fonciers q'un même machetiern pouvait personnellement posséder ). En effet un jour que Ratuili était assis au bord d’une fontaine, en un lieu appelé Lesfau, il vit venir à lui un moine lequel se présenta ; il s’appelait Conuion (ou Saint Couvoyon pour l'église chrétienne). Ce dernier, parvenu au plus près de Ratuili, implora ce tyran de lui donner un cadre de verdure approprié afin qu’il puisse exercer pleinement l’œuvre de Dieu. Ecoutant ce moine Ratuili accèda à sa demande et lui donna, avec le consentement de son fils Catuoreto (ou Catworet), un lieu appelé Roton. Ceci aussitôt fait le moine Conuion prit pleinement possession, et cela avec d'autres frères religieux lesquels étaient au nombre de six, de ce sol confié et appelé à devenir très prochainement un nouveau lieu saint. Les moines ayant pris possession de la verdoyante place offerte Ratuili vint les voir alors qu’ils étaient tous en train de prier Dieu ; il leur confirma en cet instant et pour l’éternité la susdite donation, confirmation faite avec l’accord de l’empereur. La fondation du futur monastère de Redon ainsi est née et ceci fut fait le lundi 4 juin de la 19ème année du règne de l’empereur Louis le Pieux, en 832. (Né vers 800, fils de Conon et issu d’une famille de sénateurs, le moine Couvoyon est né à Comblessac près du plou de Carentoir, ce lieu dépendant alors du monastère de St-Melaine de Rennes. Il meurt le 5 janvier 868 en son nouveau monastère encore inachevé et nommé St-Maxent qu’il fera ériger en Plebe-Lan au lieu dit Shiriou, aujourd’hui en Plelan le Grand; Canonisé il devint Saint Convoyon. Le monastère de Saint-Malaine de Rennes, à ne pas confondre avec le couvent de Ste-Melanie de Rennes, fut fondé au lendemain de la mort de Saint-Melaine lequel fut évêque de Rennes en 505) Désirant vouloir protéger son âme de la fin du monde qu'il pensait être proche Ratuili donna aux moines de Redon une terre appelée Binnon, terre accompagnée de ses bois, de ses prairies, de ses pâturages, de ses eaux, de ses meubles et immeubles de toutes sortes. Quelques jours auparavant, le 17 juin, il fit de même avec ses terres de Trebmoetcar et de Moiaroc cette dernière étant accompagnée quant à elle d’une autre terre nommée Tigran Haelnou, terre située en Eriginiac et contenant un bâti (Tigran est un terme signifiant en effet : belle villa). Nous pouvons voir ici même l’étendu foncier des différents plou alors au sein de cette même famille de machtiern. Ainsi la lignée issue de Iarntihin possédait des terres englobant aujourd’hui Ruffiac, Molac, Carentoir, Augan, Campénéac et Redon.

     

     

    Iarnwocon 1er 

    Située au nord, et géographiquement dans la continuité des Plou d’Iarnhitin 1er, une autre famille de machtierns possèdait elle aussi, et cela à la même époque, tout un ensemble de Plou importants lesquels étaient les plou ou terres d’Alcam, d’Arthmaël et de Kempeniac (ces plou depuis ont formé les paroisses d’Augan laquelle relevait en 833 du diocèse d’Aleth, de Ploërmel et de Campénéac). Ces différents plou, donc tous assis dans la continuité ou la verticalité de ceux de Jarnhitin 1er étaient, au 9ème siècle, déposés entre les mains du machtiern Iarnwocon 1er du nom (Les paroisses actuelles d’Augan, de Ploërmel et de Campenéac sont situées géographiquement au dessus des paroisses de Ruffiac, de Carentoir et de Pleucadeuc hier tous trois plou de Jarnhitin. Ces mêmes plou, dans leur ensemble, étaient tous situés le long de la grande Marche Franco-Bretonne). Cette seconde famille de machetiern était liée géographiquement à la famille de Portitoë par la possession de terres situées elles aussi dans les plou de Ruffiac et de Pleucadeuc, Plou relevant quant à eux de Portitoë fils du dit Jarnhitin ou Iarnhitin 1er. En effet Roiantken, laquelle sera l’épouse du petit-fils d’Iarnwocon 1er du nom, vendra à son frère Cartwaten, vers 821, au lendemain de la mort de Morvan (ou Morman), une terre située elle aussi dans le plou de Rufiac et nommée Ranriantcar (Magnifice femine et t sorori meœ nomine Roiantken, ego enim Catweten...). Vers 826 dans une charte de l’abbaye de Redon, charte laquelle n’est pas datée, Catweten et Roiantken ci-dessus, en désaccord cette fois, comparaissent tous les deux devant Jarnhitin 1er du nom et les deux enfants de ce dernier, Portitoe et Urbili, lesquels doivent alors et ensemble juger le fait que Caweten refusa alors de tenir une promesse de vente faite hier à sa sœur, la vente promise de la terre de Lisbedu dans le plou de Pleucadeuc (terre située en dessous de Ploërmel et au dessus de Redon, à la gauche de cette ville) dont il ne veut plus ce défaire revenant ainsi sur la promesse faite à Roiantken. Iarnhitin et ses enfants jugent ce désaccord, Iarnhitin étant machtiern du plou de Pleucadeuc. Nous avons par ce procès la confirmation que ces deux familles de machetierns étaient en effet toutes deux liées géographiquement et cela par la possession respective de terres limitrophes ou enchevêtrées les unes dans le autres; ces mêmes possessions territoriales pouvant confirmées aussi l'existence de certains liens familliaux éventuels lesquels ont pu unir ces deux mêmes familles de Machetierns.            Iarnwocon 1er eu pour héritier un fils légitime lequel fut prénommé Riwalt (Riwalt fut nommé aussi: Riwalt de Alcam, Ce prénom quant il perdra son T donnera plus tard le prénom Riwall lequel Riwall donnera lui-même à son tours le prénom Riwallonus ou Riwallon). Riwalt nait vers 780 ; il apparaît pour la 2ème fois, le 15 mai 833, lorsque Guingalon fait le don d’une terre assise dans le plou d’Algam (actum hoc in Poutrocoët in condita Alcam...Ermor, episcopus Machtiern in Poutrecoët), lequel plou d’algam, au regard de cette même charte, relevait donc du Poutrecoet (Poutrecoët était un terme lequel signifiait: le pays de la forêt. On l’écrit aujourd’hui le Porhoët. Cette terre est située au dessus de Ploërmel dans le haut du Vannetais. Ce don ou cette charte reprenant le terme Poutrecoët ou Porhoët est relativement important pour l’affiliation du roi Salomon). Cité présent lors de cette donation faite aux moines de Redon Riwalt a alors à ses côtés la présence de son fils Deurhoiarn ainsi que celle d’Ermor ce dernier étant à la fois et l’évêque d’Aleth et le machetiern de Poutrecoët, le dit Porhoët étant alors, en ce temps ancien, le centre de diocèse d’Aleth, aujourd’hui le diocèse de Saint-Malo.

    La première fois que Riwalt parait dans une charte c’est le 10 décembre de cette même année 833. Assistant lui aussi à l'arrivée les signes naturels annonçant la fin prochaine du monde Riwalt décida de donner aux mêmes moines de Redon le tigran de Botlowernoc, la terre de Cowenran, celle de Rangleumin et la moitié de celle appelée Colworetan (tigran : terme servant à désigner une terre pourvue d’une belle maison; cette dernière serait située aujourd’hui en Augan près de Ploërmel). Entre 833 et 846 les plou ou terres d’Alcam, d’Arthmaël et de Kempeniac (aujourd’hui les paroisses d’Augan, de Ploërmel et de Campénéac) sont alors la propriété de Riwall lequel se dit dans une charte être l’héritier d’Iarwocon 1er du nom. A l’inverse des charges comtales des hauts officiers franques lesquels, au 9ème siècle, étaient encore tous révocables nous voyons très bien ici, à la lecture de ces seules et mêmes chartes, que les machtierns étaient donc plus que de simples représentants d'un ensemble d'habitants ou de plou qu'ils étaient avant toute chose une "Puissance" presque seigneuriale, socialement reconnue laquelle puissance se transmettait héréditairement, donc de parents à enfants, et l'ensemble de leurs devoirs ou les charges sociales dont ils avaient seuls la responsabilité  et l’ensemble aussi de tous leurs biens qu'ils soient fonciers ou immobiliers. Ainsi la terre d’Alcam ou d’Augan sera offerte par Riuualt ou Riwalt d’Algam à sa belle-fille Roiantken, fille de Drelouuen laquelle en fera don plus tard au monastère de Redon. Par la citation de cette noble Dame nous avons ainsi et aussi l’exemple même de la transmission orthographique d’un patronyme au travers de sa terminaison orthographique et cela au sein d’une même famille : Drolouuen-Roiantken-Catweten.

     

     

    Deurhoiarn * Roiantken (Roiant-ken, Roeantken)

    Fils de Riwal d’Alcam et époux de Roiantken, laquelle nait vers 810, (Deurhoiarn et uxor sua Roiant-ken Deurhoiarn et son épouse Roiant-Ken) Deurhoiarn continue à figurer dans certaines chartes comme en celle qui fut rédigée en 859 cette dernière le présentant lui aussi comme étant Machtiern de plou (et II anno principatus Salomonis in Britania… Deurhoiarn Mactiern... et en l'année II de la principauté de Salomon de Bretagne...Deurhoiam machetiern...). Il est cité aussi pour l’une des première fois en 839 quant il tue Catworet  (Catuoreto) le propre fils de Ratuili (Ratuili étant celui qui donna une terre au moine Convoyon, terre sur laquelle bientôt allait apparaître le monastère de Redon)  lequel est alors l’un des hommes très proches de Nominoë.  Nominoë intervient sur ce fait auprès de Riwal, père de Deurhoiam, afin que la mort de son fidèle lieutenant soit compensé par le don d’une terre ; Riwal sera ainsi obligé, et cela au nom de sa faute, d’offrir à Ratuili une terre qu'il avait en sa possession et ce sera sa propre Cour de Lis-Bronewin, (Lisbronivius, Lis-Bronn Ewin), seigneurie comprenant une villa et toutes les dépendances lesquelles y étaient attenantes, seigneurie située dans son plou de Kempeniac (l’actuel Campénéac près de Ploërmel) Absents peut-êtres lors de la tenue de ce jugement Nominoë et Riwalt seront toux deux représentés par leur témoin respectif; il faut toutefois noter ici la présence aussi, et cela en tant que témoin de ce jugement rendu, de Riwallon comte de Poucaer lequel est peut-être le père même du futur roi Salomon. Lire un peu plus bas et ci-dessous le texte qui lui ait ici consacré.  Indicat carta quomodo Catuuoret se comendavit ad Nominoe, et dum essed  illi fidelis, occidit eum Deurhoiarn filius Riuualt. Postea, Nominoe hominem suum requisivit super Riuualt et filium suum. Tunc Riuualt, ex semine Iarnuuocon heres, tradidit Lisbroniuuin et hoc quod adjacet ei, ex plebe Kempeniac, in pretio sui hominis Catuuoret. Factum est hoc in Lisranac, .VIII. idus marcias, in die sabbato, presentibus istis hominibus: Conuuoion, monachus, testis; Iarnhitin, monachus, testis; Leuhemel, monachus, testis; Cumdelu, monachus, testis; Rethuualart, presbyter, testis; Dreuuallon, presbyter, testis; Riuuallon, commes Poucaer, testis; Biscan, invitator Nominoe, testis; Juduuoret, invitator Riuualt, testis; Uurscant, testis; Euuen, testis; Portitoe, testis; Drihican, testis; Rohot, testis; Catuuobri, testis. Cette charte  montre comment Nominoë ordonna pour Catworet, contre Deurhoiarn fils de Riwalt celui-ci ayant tué l'un de ses fidèles. Ensuite Nominoë rendu son jugement sur son homme et sur le fils de Riwalt. Puis Riwalt, héritier de Iarnwocon, devra être présent devant lui et lui remettre Lisbroniuwin en la terre de Kempenac pour le prix humain de Catworet. Ceci s'est passé à Lisranac les 8ème ides de Mars, jour de la semaine. Furent présents ces hommes : Conwoion moine témoin, Iarhitin moine témoin, Leuhemel moine témoin, Cumdelu moine témoin, Rethwalart pretre témoin, Drewallon prêtre témoin, Riwallon comte de Poucaer témoin, Biscam témoin invité de Nominoë, Judworet témoin invité de Riwalt, Wrscant témoin, Ewen témoin, Portitoë témoin, Drihican témoin, Rohot témoin, Catwobri témoin.    Deurhoiarn meurt peu après 874, année en laquelle le roi Salomon sera assassiné et Roiantken très peu de temps après, en 876, année placée elle aussi sous les règnes conjoints et de Gurwan et de Pascweten en laissant pour seul héritier son fils nommé lui aussi Iarnwocon (Et postea defunctus est Deurhoiarn et filius ejus Jarnwocon…). Inhumé à Plelan dans le monastère de Saint-Maxent (aujourd’hui en Plelan le Grand ; relevant du monastère de Redon, St-Maxence aura très souvent pour abbé maitre celui du monastère de Redon)  lequel avait été élevé à la demande du moine Convoyon, Deurhoiarn sera en effet très peu de temps après suivi dans la Mort par son épouse laquelle sera inhumée à son tour aux côtés de son défunt mari. Ils acquerront ainsi et ensemble une sépulture dans ce même monastère sans avoir auparavent tous deux visité les lieux monacaux accompagnés qu'ils furent d'un moine référant celui-ci leur montrant en ce Saint-Lieu l'emplacement en lequel ils seront plus tard inhumés. Pour permettre leur dite inhumation à tous deux, en cette même abbaye,  Deurhoiam et Roiantken donnèrent respectivement à l'abbaye de Saint-Maxence et Aethuric Freoc lequel était clerc de son état et Aethuroc Milcondoes de la terre d'Alcam, aujourd'hui terre nommé Augan. Deurhoiam décédé avant 874, son corps sera effectivement amené en ce monastère afin de pouvoir y reposer, bientôt rejoint par celui de Roiantken. Tous deux inhumés en leur nouveau et dernier domicile leur fils Jarnuuocon ou Iarnwocon offrira, toujours à la même abbaye et pour le repos des Âmes de feus ses parents le village d'Eneuwor et une partie des terres de Kethic aussi. Cela fut fait à Saint-Maxens. 

    Mundi termino adpropinquante, malis crebrescentibus, petierunt Deurhoiarn et uxor sua Roiantken Sanctum Maxentium, in festivitate apostolorum Petri et Pauli, .III. kalendas jul., I. .XXII., regnante Pasuueten et Uuorhuuant Brittanniam, monachos rogaverunt ostendere sibi ubi corpora eorum requiescerent post obitus illorum; et ostendit abbas Liosic, cum monachis suis, locum corporum eorum in vestibulo Sancti Maccentii; et postea simul perrexerunt ad Sanctum Maxentium, et posuerunt suam manicam super altare, et dedit Deurhoiarn Aethuric Freoc, clericus, in dono corporis sui, et uxor ejus Roiantken dedit Aethurec Milcondoes, in Alcam, quam dedit illi Riuualt in enepuuert, in dono corporis sui, Sancto Maccentio in honore Salvatoris atque monachis in illo loco Deo servientibus; et postea defunctus est Deurhoiarn, .II. idus januarii, luna .XI., et filius ejus Iarnuuocon et uxor sua Roiantken detulerunt corpus simul cum omnibus, et invitaverunt monachos obviam sibi in via accipere corpus; et cito ut adierunt, monachi exierunt obviam corpori cum reliquis suis, et simul detulerunt corpus ad monasterium Sancti Maxentii, et sepelierunt eum secundum dignitatem, ut moris est christianorum. Et postea invitavit filius ejus Iarnuuocon, una cum matre sua et cum multis nobilibus hominum, abbatem Liosic nomine, cum suis monachis, in quadam exhedra juxta basilicam Sancti Maccentii, et illas donationes quas dederunt (sic) pater, matre vivente, in dono corporum suorum, firmavit, coram multis testis (sic), hii sunt: Ratfred, testis; Inhoc, testis; Maenuuallon, testis; Nominoe, testis; Catuueten, testis; Uuoetuual, testis; Jedicahel, testis; Euuen, testis; Uuinkalon, testis; Riscaham, testis; Uuorlouuen, presbyter, testis; Finithic, presbyter, testis; Scuban, presbyter, testis; Marcoc, testis; Jacu, testis; Seder, testis; Iarnuuoret, testis; et cito Roiantken defuncta est post virum, et sic monachi fecerunt illi sicut viro suo, juxta illum sepelierunt illam cum magno honore; et venit Iarnuuocon filius ejus, in prima dominica post sepulturam ejus, visitare sepulcra patrum suorum; et post missam invocavit abbas (sic) Liosic cum suis monachis, adstetit inter templum et altare, posuit manicam suam super altare et dixit: Villam Eneuuuor do Maccentii (sic) et monachis, pro anima matris meae, in hereditate perpetua, in honore Salvatoris; et postea, in die dominico, venit Iarnuuocon visitare sepulcra patrum suorum, et post missam perrexit, stantibus monachis, presente populo, dedit partem Kethic Sancto Maccentio et heres (sic) illius Suluuoion nomine, pro animabus patrum suorum, coram multis testibus: Iarnuuocon, testis, qui dedit hanc donationem; Uuincalon, testis; Bleidbara, testis; Comhael, testis; Arbidoe, testis; Conglas, testis; Katic, testis; Suluuoion, testis; Tanetuuotal, testis; Idon, testis; Tutuuoret, testis; Loiesuuoret, testis; Uurliuuet, testis; Tanetlouuen, presbyter. Ista donatio fuit .II. idus maii, luna .VIII. La  fin du monde approchant, le mal augmentant de plus en plus, Deurhoiarn et Roiantken son épouse demandèrent à Saint-Maxence, en le jour de la fête des apôtres Pierre et Paul, le 3 juillet du calendrier, le 22ème jour de la première année du règne d Pascweten et de Gurwan de Bretagne, aux moines ou les restes de leurs corps seraient après leurs départs. L'abbé Loisic et ses moines leur a montré ou leurs corps seraient plac"s, dans la Cour de Saint-Maxence. Peu après ils se rendirent à Saint-Maxence où il mit sa main au dessus de l'Autel et, pour le don de leurs corps, Deurhoiarn donna Aethuric Freoc, clerc de son état et son épouse Roiantken donna Aethurec Milondoes d'Alcam que lui avait donné Riwalt en Enepuuert pour le don de son corps à Saint-Maxence et à ses moines lesquels en ce lieu servent le Sauveur. Et Deurhoiarn décéda par la suite, les 2ème ides de Janvier, le 2ème jours après la Lune, et son fils Iarnwocon et sa femme Roiantken ont tous deux signalé le corps et invité les moines à recevoir le corps, et les moines s'en allèrent à la rencontre du reste du corps et en même temps ils emportèrent le corps au monastèrede Saint-maxence en lequel il fut inhumé en fonction de sa dignité et suivant les coûtumes des Chrétiens. Et après invitèrent son fils Iarnwocon et sa mère et beaucoup de nobles hommes l'abbé nommé Liosic et ses moines en fonction dans la Cavité de la basilique de Saint-Maxence et il donna (et Iarnwocon donna) les dons de son père sa mère étant encore en vie. Furent témoins de cela Ratfred, Inhoc témoin, Maenwallon témoin, Nominoë témoin, Catweten témoin, Woetwal témoin, Jedicael témoin, Ewen témoin, Winkalon témoin, Riscaham témoin, Worlowen prêtre témoin, Finithic prêtre témoin, Seuban prêtre témoin, Marcoc témoin couché, un autre témoin lequel était assis, Iarworetum témoin. Et rapidement Toiantken décéda peu après son mari et de cette même façon les moines firent pour elle ce qu'ils avaient fait pour son mari. Et son fils Iarwocon est venu le premier Dimanche après son enterrement et, visitant la tombe de ses pères, après la messe, il fit appeler le'abbé loisic et ses moines et, placé entre le Temple et l'Autel, il mit sa main su l'Autel et dit : Je donne à saint-Maxence la ferme d'Eneuwor au nom de l'Âme de ma mère , en héritage perpétuel et dans l'Honneur du Sauveur. Un peu plus tard Iarnwocon est revenu visiter la tombe de ses pères et s'en alla, debout, après la messe, en présence du peuple, donner aux moines de Saint-Maxence une partie de Saint-Kethic et aussi les héritiers du nommé Sulwoian  pour les Âmes de ses pères. Il fit cela devant de nombreux témoins , Iarnwocon témoin qui donna son don, Wiincolon témoin, Bleidbara témoin, Comkael témoin, Arbidoe témoin, Conglas témoin, Katic témoin, Sulwoian témoin, Tanctwotal témoin, Idon témoin, Tuworet témoin, Loiesworet témoin, Wurliwet témoin, Tanetlowen prêtre témoin. Ce don fut donné les 2ème ides de mai, le 8ème jour après la Lune. Charte n° CCXXXVI. Abbaye de Redon.

    Deurhoiam est témoin en 858 d’un don que fit son épouse laquelle donne alors la moitié des terres de Ran-Afroc pour le rachat de leurs âmes à tous deux. Tous deux paraissent aussi dans la charte de Saint-Sauveur de Redon, charte référencée LXXIX, quand Deurhoiam et son fils Iarnwocon donnent, au monastère susmentionné, des pleb de Plélan dont tous trois étaient alors possesseurs.Haec carta indicat atque conservat quod dederunt Deurhoiarn et Jarnuuocon, filius ejus, in Plebelan, Penuuernet Crankendic et tigran Lis, Sancto Salvatori in Rotono et monachis ibi Deo servientibus, cum massis et manentibus, silvis, pratis, pascuis, aquis, aquarumve decursibus, mobilibus et inmobilibus, cum omnibus apendiciis suis, totum atque integrum tradiderunt per manicas suas in manu Leheumeli monachi et Tudiani monachi, videntibus Roiantken uxore ejus et Uurlouuen presbytero, ita tradiderunt in elemosina pro animabus suis et pro regno Dei, sine censu et sine tributo alicui homini sub caelo nisi supradicto Sancto Salvatori et supradictis monachis; et si quis mutare voluerit aut mutaverit, aut ego ipse aut ullus de propinquis meis, auferat Deus ab illorum manibus hereditatem terrenam et regnum celeste, et in athemate (sic) permaneant usque ad exitum vite. Factum est hoc .II. feria, idus mart. luna .XXI., anno .VI. principatus Salomonis in Brittannia, in loco nuncupante Bessonn. Cette charte indique ce qu'ont donné Deurhoiarn et son fils Iarnwocon en Plebelan. Penwernet Crankendic et tigran Lis, à Saint-Sauveur de Redon et aux moines lesquels y servent Dieu, avec les masses et ce qui y est continue, les bois, les près, les pâturages, les eaux et les points d'eau, les meubles et les immeubles avec toutes leurs dépendances toutes entières et remis en même propre le moine Leheumeli et le moine Tudiani; devant son épouse Roiantken et le moine Wrlewen il a remis des aumômes pour leurs vies et pour le royaume de Dieu; aucun paiement et aucun impôt pour les hommes sous ce ciel mais surtout pour Saint-Sauveur et ces susdits moines. Et si un homme veut changer pour changer, que cela soit pour moi même ou l'un de mes parents et enlever de ses mains tous ses héritages terrestres et les donner à Dieu et à son royaume celeste et qu'il continue ainsi jusqu'à la fin de sa vie. Cela fut fait les 2ème ides de Mars, 21 jours après la Lune, en la 6ème année du gouvernement de Salomon en Bretagne, dans un endroit appelé Besson (près de l'actuel Plelan)          

    Roiantken personnellement apparaît avant 825 lorsqu’elle vend à son frère Cartweten la terre de Riantcar en la  plebe de Rufiac, elle est très probablement encore une jeune fille. Il est stipulé dans cette charte qu’elle fut rédigée la 4ème année après que Morvan est réussi à repousser de Bretagne l’empereur Louis le Pieux ; signent cette charte aussi Iarnithin et ses fils Portitoë et Uurbili (factum est hoc sub die III fevrier I feria in loco vico Rufiaco III anno postquam exivit D.Hludovicus de Britannia ante Morman. Regnate D.Lodowico Imp. Jarnithin machtiern et filius Portitoë et Worbili et Vido comite)

    Roiantken est mentionnée aussi en 856 avec son frère Cartweten contre lequel elle va en appel à la cour du roi Salomon. Nous apprenons la même année, dans une autre charte rédigée au mois de Mai, le nom de leur père à tous deux lequel s’appelait Drelowen ; cette chartre est relative au don d’une  partie d’une terre nommée Botaloc, terre et pâturage situés dans le plou d’Armaël (ou le nom de St-Armel lequel nom sera demain  transformé en  Ploërmel) biens offert alors à l’abbaye de Redon pour ses moines et ses religieux lesquels en ce lieu servent Dieu. Ce don assoit et confirme l’implantation géographique de  la famille de Roiantken dans la région de Ploërmel (située dans le haut Vannetais) en laquelle déjà est implantée la famille de son époux. Haec carta indicat quod dedit Catweten filius Drelowen partem terrae sitam in plebe Artmael ...Facta est haec donatio monasterio in ecclesia Santi Salvatoris die Ascensionis Domini V , indus Maii lena V , II anno  principatus Salomonis in Britannia, (en 859) Redwalotro episcopo in Poutrecoet (Porhoët) ...Catweten qui hanc donationem dedit testi; Deurhoiarn machetiern... 

     

     

     

    Riwall de Porhoët ou de Poutrecouët

    De l’ascendance du roi Salomon il n’y a pas d’informations certaines existantes à ce jour. Nous savons simplement, par une charte de Redon, qu’il était un parent proche du roi Erispoë et par une autre charte, rédigée quant à elle en 857, qu’il était le fils d’un Riwallon ou Riwall (Mundi termino adpropinquante, etc. Ego, in Dei nomine, Erispoe donavi et aliam plebiculam quae vocatur Plaz et omnes insulas eidem plebiculae adjacentes, sicut vetus visnonicum cingit, rogante me venerabili abbate Conwoione cum suis monachis, et interveniente consobrino meo Salomone simulque consilium dante atque hoc ipsum verbum dicente : ut qui monachis alimentum dederat, daret etiam soenum pecoribus eorum, etc. Ut ipsi monachi unum psalterium et duas missas, quamdiu locus ille perseveraverit, pro anima mea et pro anima patris mei quotidie cantent. Et si fuerit, aut ego ipse vel aliqua persona, qui contra donationem aliquam calumniam generare praesumpserit, mille solidos mulctum componat cui litem intulerit, et illud quod repetit non vindicet, et ista donatio fixa atque inconvulsa per omnia tempora permaneat. Factum est in Rotono monasterio, VI.idus martii, IV.feria, tempore illo regnante Hlotario imperatore. Signum Erispoe ; Salomon filii Rivallon ; s.pretient;  s.Paschweten; s.Bili; s.Albrit; s.Juduallon; s.Penhoet; s.Jarnworet; s.Budhoiarn; s.Bleinrin; s.Semper; s.Urscant; s.Maenworet; s.Cumhacnan; s.Kobrantgeni; s.Festgeni presbyteri; s.Felix diaconi etc). Les annales de Saint-Bertin (abbaye mérovingienne bénédictine fondée en 7ème siècle dans le nord de la Francie occidentale, dans l’actuel Pas de Calais) précisent  que Salomon, en 852, alors consobrinus (Consobrinus en latin signifie le fait d’être soit un parent ou le fait d’être apparenté ou cousin germain aussi etc.) du roi Erispoë, reçoit de Charles le Chauve le tiers de la Bretagne le mettant ainsi sur un pied presque d’égalité avec son parent Erispoë (Lanbertus et Guarnarius fratres, pars vel maxima discordiarum, alter dolo alter judicio interficiuntur. Salomon Britto Karolo fidelis esficitur tertiaque Britanniae porte donatur…Lanbert et Guarin frères sont en grande partie en désordre, autre tromperie, autre jugement. Salomon le Breton, fidèle de Charles, s'est vu décerné la troisième partie de la Bretagne...Respogius, duc Britonum, a Salomone et Almaro Britonibus, diu contra se dissidentibus, interimitur...Respongius (ici Erispoe) duc des bretons, par Salomon et Almaro le Breton dressés contre cette dissidence, fut assassiné). Quelle était alors l’exacte importance de ce territoire donné à Salomon alors qu’Erispoë avait été reconnu peu de temps auparavant dans l’investiture de sa royauté ? Etait-ce un geste d’équité venant de l’empereur envers cet autre prince breton ou bien Salomon fut-il aidé dans sa montée vers sa royauté par Erispoë lui même ? (per jussionem Erispoe seu Salomonis qui de ipsa terra eodem tempore sunt dominatores... Par ordre d'Erispoë ou de Salomon,sur cette terre elle même en même temps ils dirigeaient)... Lorsque  le roi Erispoë confirmera entre 851 et 857 la donation d’un monastère faite à la toute jeune abbaye de Redon, le nom du futur roi Salomon apparaîtra en deuxième poste, tout de suite après celui du roi Erispoë lui même mais surtout avant même le nom de Conan, le propre fils héritier du Princeps Erispoë. Pourquoi cette prééminence grammaticale en faveur de Salomon et à l’encontre de Conan, le fils héritier d’Erispoë, cela lors de l’écriture du nom de ces deux témoins ?

     

    Salomon est donc cité en 857 dans une charte de l’abbaye de Redon comme étant le fils d’un Riwallon ou Riwall. Qui était ce Riwall ? Pierre Le Baud, historien de la duchesse Anne de Bretagne, présente ce Riwall ou Riwallon, père du roi Salomon, comme étant le seigneur du Porhoët région en laquelle hier Riwalt d’Algam, fils de Iarnwocon 1er , offrit une terre assise en son plou d’Algam ce dernier relevant du Porhoët.  Riwalt d’Algam et Riwall de Porhoët vont tous deux se retrouver devant le jugement du roi Nominoë suite à un assassina lequel fut commis à l’encontre d’un fidèle de ce prince. Riwalt d’Algam en effet, afin de pouvoir racheter financièrement le crime perpétué par son fils Deurhoiarn, devra céder au roi Nominoë la terre de Lis-Rannac située en la plèbe de Campénéac, terre qu'il tenait héréditairement de son père Iarnwocon 1er.  Nous avons en cette charte la première apparition du père supposé du futur roi Salomon lequel, par son titre de Comes, semble être le supérieur hiérarchique de Riwalt d’Algam en ce comté du Porhoët. (Indicat carta quomodo Catuuoret se comendavit ad Nominoe, et dum essed illi fidelis, occidit eum Deurhoiarn filius Riuualt. Postea, Nominoe hominem suum requisivit super Riuualt et filium suum. Tunc Riuualt, ex semine Iarnuuocon heres, tradidit Lisbroniuuin et hoc quod adjacet ei, ex plebe Kempeniac, in pretio sui hominis Catuuoret. Factum est hoc in Lisranac, .VIII. idus marcias, in die sabbato, presentibus istis hominibus: Conuuoion, monachus, testis; Iarnhitin, monachus, testis; Leuhemel, monachus, testis; Cumdelu, monachus, testis; Rethuualart, presbyter, testis; Dreuuallon, presbyter, testis; Riuuallon, commes Poucaer, testis; Biscan, invitator Nominoe, testis; Juduuoret, invitator Riuualt, testis; Uurscant, testis; Euuen, testis; Portitoe, testis; Drihican, testis; Rohot, testis; Catuuobri, testis. Charte ou jugement déjà traduit ci-dessus. Reprendre aussi ci-dessus la transcription de ce même jugement rendu.

    Y aurait-t-il enfin un rapprochement généalogique que nous pourrions faire entre ces deux Riwal, c’est à dire entre Riwal le père du roi Salomon et Riwal d’Algan ? Plus tard peut-il y avoir eu un lien de généalogie entre Riutal [ou Riutal s'écrivant aussi Riwall] père de Roianteline et l'un des deux Riwall ci-dessus cités ? Peut-on voir au travers du dit père de Roianteline, femme de Hamon vicomte d'Alet, l'un des descendants de Riwall de Porhoët  ou bien l'un des descendant de Riwall d'Algam tous deux antagonistes devant Nominoë ?

     

    A suivre. Chapitre Roianteline...Suivra aussi une carte reprenant l'implantation des différentes terres offertes par cette noble Dame

     

    JPFM

     

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  • Commentaires

    1
    ratuili
    Mercredi 26 Septembre 2012 à 10:42

    Bonjour,

    Enfin une explication sur les marchtierns facile de compréhension. J'en ai lu plusieurs mais c'était plutôt  "brouillon".

    Mon nom étant Ravilly,(il paraitrait que ça vient de Ratuili) donc je recherche ce qu'à pu etre la vie de "mon ancètre" à cet époque là.

    Vous m'avez bien aidé, Merci beaucoup

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