• - L'église de Lanleff

    L'Eglise romane de Notre Dame de Lanleff

     

     

    L'église de Lanleff

    Dessin de 1824 montrant l'église paroissiale et le temple de Lanleff quelques années seulement avant la démolition de l'église paroissiale originelle. Les différents Dessins et croquis ici présents dans ce chapitre ont été enregistrés depuis l'Encyclopédie Marikavel-Jean-Claude Even

     

     

    Classée en 1889 l'Eglise chrétienne de Lanleff, aux lignes épurées et austères, fut édifiée soit au 11ème siècle ou soit au 12ème siècle suivant les historiens. Proche de l'abbaye de Beauport et trêve de la paroisse de Lanloup elle releva également et géographiquement d'une ancienne enclave de l'évêché de Dol; sa donation religieuse fut confirmée en 1148, au 12ème siècle, à l'abbaye Saint-Magloire de Léhon par le seigneur du Goello, Henry de Penthièvre (donation religieuse faite par Eudo Pontius ou Eudes Ponce et son fils Trihan tous deux vassaux d'Henry de Penthièvre, donation confirmée en 1148 par le dit Henry de Penthièvre, seigneur direct d'Eon Ponce et de son fils tous deux seigneurs de Châtelaudren. Cette terre de Lanleff est relativement lointaine de celle de Châtelaudren; comment donc ces 2 seigneurs, père et fils, sont-ils entrés en possession de cette paroisse et de ses dîmes ? Qu'elle pouvait être l'étendue de leur seigneurie ? Ils semblaient tous les deux êtres en possession de la paroisse de Plouagat située au plus près de Châtelaudren et d'autres biens aussi assis en l'ile de Brehat, église et métairie, la possession de ces mêmes autres biens étant confirmée par le contenu même de la charte de donation de l'église de Lanleff. Lire ci-dessous cette charte de donation. Henry 1er de Penthièvre nait vers 1100 et meurt vers 1160, fils d'Etienne dit de Richemont et d'Havoise de Guingamp, son frère Alain III dit le Noir et de Richemont aussi deviendra, par son mariage avec Berthe de Bretagne fille de Conan III et de Mathilde de Normandie, duc de Bretagne. Henry 1er de Penthièvre sera la souche de la famille seigneuriale d'Avaugour par son fils Alain lequel sera seigneur du Goëlo, comte de Penthièvre, de Tréguier, de Guingamp puis d'Avaugour aussi cette famille seigneuriale faisant ériger, mais beaucoup plus tard, le couvent des Cordeliers de Dinan)  mais son auteur à ce jour n'est toujours pas connu. Relevant depuis sa réalisation de l'évêché de Dol, à ce titre elle fait donc partie elle aussi de notre travail et cela au travers du coup de Coeur que j'ai personnellement ressentit au plus profond de mon être lorsque j'ai vu son édifice pour la première fois. Voici l'acte de la confirmation de cette donation faite à l'Abbaye bénédictine de Léhon par Eudes Pontius (Eudes Ponce) et son fils Trihan, tous deux seigneurs de Châtelaudren (Châtelaudren est la capitale du Goëlo, sur la rivière de Leff) : Au nom de la Sainte et indivisible Trinité, Amen. Le temps succède au temps, le siècle rapide s'envole, et comme une ombre s'enfuient les jours de l'homme. De là vient que les actes d'hier et même d'aujourd'hui glissent et s'échappent rapidement de la mémoire des hommes si l'on a soin de les confier par l'écriture. C'est pourquoi je, Henry, fils du comte Estienne, renouvelant et confirmant  tous les dons faits de mon temps  à Saint-Magloire par Eon Ponce et son fils Trihan, ai voulu les fixer par l'écriture, afin que ni la vétusté ni la mort n'en puissent effacer le souvenir. Et comme j'ai ajouté moi même quelque chose à ses dons, tant pour le salut de mon Âme  que pour celui de mon père le comte Estienne, de mon frère le comte Alain, de ma mère Havoise, et aussi pour obtenir de Dieu que, durant ma vie, ma terre soit constamment gouvernée  selon droit et justice, j'ai aussi voulu mettre mes propres dons à l'abri des entreprises de la haine et de l'Envie en les fortifiant de l'autorité de mon sceau. Donc Eon surnommé Ponce a donné la terre située à l'issue de deux portes de Châtel-Audren et tout autour de ce château depuis la porte qui ouvre sur l'étang jusqu'à celle qui regarde Saint-Ninian. Il a aussi donné le tiers de la dîme de Plouagat, et en Brehat une métairie appelée Kerrien avec son métayer. Ensuite Trihan fils de Ponce a ajouté l'église de Notre Dame de Lamlem (Lamlem pour Lanleff. L'église de Lanleff était le bien propre de cette famille seigneuriale puisque c'est Trihan, fils d'Eudes Ponse, qui donne les dîmes ou revenus de cette église à l'abbaye de Léhon ainsi qu'une grande partie des dîmes relevant du village de Lanleff et de celles de son marché aussi) avec toutes les oblations, les deux tiers des dîmes de ce village et la dîme du marché, plus l'église de l'Ile de Bréhat avec sa dîme. Je Henry ai confirmé tous ces dons au quels j'ai joint celui de la dîme de mes moulins de Chastel-Audren et de la dîme du marché. Et j'ai moi-même offert toutes ces choses dans le monastère même de Saint-Magloire en déposant sur l'Autel, après l'Oblation, un livre qui traite de la vie de ce Saint, le grand jour de la fête de la Pentecôte de l'an 1148 après l'Incarnation de Notre-Seigneur. Témoins : Goscione capellano (Goscelin, chapelain); Simon, prêtre; Thomas, sénéchal; Hamone de Hilium (Hamon d'Hilion, seigneur de l'actuelle ville d'Hillion située dans la baie de Saint-Brieuc); Guillelmo Rufo (Guillaume Roux); Hugone filio Normanni (Hugues fils de Normand); Guillaume fils d'Hervé; Guillelmo Boterel (Guillaume Boterel); Gaufrido Exule (Geoffroy  l'Exilé); etc.                                                                 Servant encore au 19ème de vestibule à une vieille église à laquelle elle était alors adossée et en laquelle on descendait par plusieurs marches d'escalier (cette même vieille église sera entièrement démolie et remplacée en 1856 par l'actuelle église paroissiale positionnée un peu plus haut, cette dernière étant ainsi séparée de la dite église de Lanleff située plus en contre-bas), l'église de Lanleff par sa forme circulaire possède, outre son charme vraiment particulier, un diamètre extérieur de 19.50 mètres environ pour un diamètre en l'enceinte intérieure de 10 mètres. La coursive ou sa galerie intérieure possède quant à elle une largeur d'environ 3 mètres et les murs de cet édifice presque millénaire ont environ 1 mètre d'épaisseur; cette église romane rappelle et l'église abbatiale de Quimperlé avant sa restauration et la Rotonde du Saint-Sépulcre de Jérusalem et mérite très sincèrement un long détour et donc votre venue aussi (en septembre de l'année 1856 lors de fouilles archéologiques menées en présence de monsieur le curé de Lanleff, A.Ramé, ont été retrouvées les fondations de certaines des parties démolies, fondation mettant en évidence la présence hier dune troisième chapelle semi-circulaire rayonnant à l'orient de l'église; la découverte de la présence de ces anciennes fondations d'une abside disparue permettant de confirmer ainsi le fait que cet édifice originellement était bel et bien une église). Sa cour centrale fut transformée en cimetière et fut connue comme telle par Pol Potier du Courcy lequel écrivit un texte sur elle en 1864. Nous préférons néanmoins ici, pour commenter les photos que nous avons réalisé la semaine dernière en cette ancienne église romane, vous donner en intégralité un texte plus ancien et beaucoup plus complet établit sur elle en 1835 par Abel Hugo. Voici donc ce texte originel nous expliquant l'église originelle de Lanleff, alors en service, telle qu'elle pouvait se présenter à notre regard en 1835. Comparez les quelques modifications apportées par le temps entre ce même texte écrit en 1835 et nos propres photographies:

    Le temple de Lanleff qui sert aujourd'hui de vestibule à l'église de ce lieu, est un édifice circulaire à double enceinte concentrique , dont l'une est en partie détruite. L'enceinte intérieure, de trente pieds de diamètre, est percée de douze arcades voûtées en plein cintre et décorées de pilastres. Ces arcades sont d'une largeur inégale et varient de 5 pieds à 5 pieds 9 pouces.Douze colonnes de grandeurs diverses sont adossées à la muraille, une entre chaque arcade; les plus petites, au nombre de huit, ont 8 pieds et quelques pouces de haut y compris les chapiteaux et les soubassements; les quatre plus grandes sont hautes de 15 pieds sans chapiteaux et placées aux points cardinaux. L'enceinte extérieure, située à 9 pieds de l'autre, présente aussi douze colonnes qui paraissent avoir soutenu une clé à voute. Il ne reste qu'un tiers de cette voute, c'est la partie située à côté de l'église. Deux arcades voisines de la porte, fermées par une maçonnerie, forment aujourd'hui la sacristie, une autre sert à soutenir l'escalier du clocher; enfin une quatrième a été convertie en chapelle. Entre les colonnes qui soutiennent la voûte et en face des grandes arcades sont douze fenêtres décorées de colonnes et construites comme des meurtrières des anciennes fortifications. Au dessus de chaque couple d'arcades se trouve une grande ouverture cintrée par en haut. L'enceinte du temple a été couverte, on aperçoit encore les traces de l'endroit où le toit s'appuyait; il n'y avait qu'une seule porte d'entrée, voûtée en plein cintre et large de 10 pieds  sur 13 pieds de hauteur; elle est située de côté de l'Orient. L'église est construite en granit rouge et gris, qui a de l'analogie avec le poudding siliceux. L'intérieur du monument a été garni d'un pavé, en en trouve quelques fragments entre les arcades et l'enceinte extérieure. La maçonnerie est par assises régulières jusqu'au dessus des arcades. Le reste est composé de pierres de dimensions différentes. L'architecture est un mélange grossier d'ordre toscan et d'ordre gothique. Les ornements des chapiteaux et des socles des colonnes ne sont ni de la même forme ni de la même grandeur. Les chapiteaux représentent des pommes de pin. Ils sont surmontés d'un listel et d'une volute peu saillants, représentant par le profil diverses têtes de béliers. On remarque, sur les chapiteaux des colonnes qui soutiennent le plein cintre de l'arcade intérieure qui fait face à la porte, deux bas reliefs, l'un sur la colonne du côté du Midi, représentant deux béliers superposés, l'autre la colonne du Nord offrant un cercle rayonnant, image grossière du soleil. Un if majestueux (en 1824 parait un premier écrit consacré à l'église de Lanleff lequel fut publié par le Lycée Armoricain;  il reprenait notamment certains travaux publiés par l'Historien Ogée. L'If est présenté dans cet ouvrage plus ancien comme étant un vieil arbre âgé déjà de plus de 300 ans. reprendre éventuellement cet écrit) planté dans l'enceinte intérieure qui sert de cimetière à la commune, a cru au centre du monument qu'il domine aujourd'hui de son feuillage auquel il forme un dôme pittoresque. Les savants bretons sont loin d'être d'accord sur le monument de Lanleff : Les uns qui voient un ancien temple armoricain, les autres une construction romaine consacrée au culte du soleil; quelques uns un ancien hôpital pour les pèlerins revenant de Terre Sainte, ceux-ci une église bâtie par les Templiers ceux-là  un Baptistaire des Chrétiens primitifs? Nous ne nous hasarderons pas à décider la question. Abel Hugo.  

     

     

     

    L'église de Lanleff

    Dessin de 1837

     

     

    L'église de Lanleff

    Reconstitution des parties disparues. Planche n°89 de la revue Archéologia, décembre 1975

     

     

    L'église de Lanleff

    Reconstitution de l'église du Saint-Sépulcre de Jérusalem montrant les 3 absides ou chapelles rayonnantes situées au derrière du Choeur lequel est formé d'une double enceinte concentrique, une intérieure et l'autre extérieure.

     

      

    Lanleff

    L'église de Lanleff regardée depuis l'extérieur et du côté de ses 2 chapelles rayonnantes ou absides semi-circulaires en appuie sur l'enceinte extérieure très partiellement encore couverte. La tour est le prolongement en hauteur de l'enceinte intérieure entièrement à ciel ouvert quant à elle.

     

    Lanleff

    Vue de l'ensemble de l'église avec son abside, ses enceintes extérieure et intérieure ainsi que ce qui reste de la voûte jetée au dessus de la coursive séparant les deux enceintes.

     

     

    L'église de Lanleff

    L'enceinte extérieure partiellement détruite

     

     

     

    L'église de Lanleff

    Vieille photographie des Archives départementales des Côtes d'Armor. Ici l'enceinte originelle extérieure avait  été prolongée par un mur aveugle fait de maçonnaille, mur aujourd'hui disparu

     

     

    L'église de Lanleff

    L'enceinte extérieure

     

     

     

    Lanleff

    L'ensemble des arcades en plein cintre sur pilastres formant l'enceinte intérieure et enfermant la Nef point central de l'édifice. Les arcades hier étaient emplies de maçonnaille lorsque cet édifice servait de vestibule à l'ancienne église paroissialle. Reprendre le croquis ci-dessus... 

     

    Lanleff

    La Cour au centre de la Nef positionnée au derrière de l'enceinte intérieure, hier cimetière paroissiale en lequel se dressait au 19ème siècle un if 3 fois centenaire faisant office de voûte.

     

     

    L'église de Lanleff

    Archives Départementales des Côtes d'Armor. Vieille photographie

     

     

    Lanleff

    L'enceinte intérieure, ses arcades en plein ceintre et ses pilastres

     

     

    L'église de Lanleff

    Photographie des Archives départementales des Côtes d'Armor

     

    Lanleff

    La coursive séparant les deux enceintes et vu sur la 2ème chapelle rayonnante ou abside. 

     

    Lanleff

    Vue de la première chapelle rayonnante ou abside aux voûtes romanes. Tout comme l'église du saint-Sépulcre de Jérusalem cette église devait posséder une troisième abside, aujourd'hui disparue.Voir plan ci-dessus de reconstitution

     

    Lanleff

    L'enceinte extérieure et la voute restante de sa coursive. A droite, l'enceinte intérieure.

     

     

    L'église de Lanleff

    Vieille photographie des Archives Départementales des Côtes d'Armor montrant le Choeur de l'édifice au travers de l'une des 12 arcatures formant l'enceinte intérieure. Peut-on faire un rapprochement ici du nombre des arcatures avec le nombres des 12 apôtres ?

     

    Lanleff

     

     

    L'église de Lanleff

     

     

    Lanleff

    Les fenêtres décorées de colonnes en face des grandes arcades de l'enceinte intérieure, elles forment l'enceinte extérieure. La voute reliant les 2 enceintes a ici entièrement disparue

     

    Lanleff

    A gauche une arcade voutée en plein cintre ornée de son pilastre

     

    Lanleff

    Simple fenêtre meurtrière à colonne incrustée dans l'enceinte extérieure

     

    Lanleff

    Double fenêtres meurtrières à colonnes dans l'enceinte extérieure

     

     

    L'église de Lanleff

    Couloir intérieur à voutes romanes circulant entre les deux enceintes

     

    Lanleff

    Chapiteaux à Pomme de Pin

     

    Lanleff

     

    Lanleff

    Chapiteau à figurine humaine surmonté d'un listel, sculpture probablement antérieure au 12ème siècle. Cette église toutefois est antérieure à l'édification de l'abbaye de Beauport, sa voisine.

     

    Lanleff

    Chapiteau animalier à Corps de béliers superposés et surmonté d'un listel de pierre

     

     

    L'église de Lanleff

    Autre chapiteau; dessin très mal défini, certains y voient 2 lièvres enchâssés

     

     

    Lanleff

    Socle de Chapiteau à figures géométriques ou chevrons en granit gris

     

     

    L'église de Lanleff

    Socle de Chapiteau en granit rouge. Il n'y a ici et en ce lieu aucune sculpture florale. Pourquoi ?

     

     

    L'église de Lanleff

    Vieille fontaine de l'église de Lanleff

     

    L'église de Lanleff

    Vieille croix Chrétienne trouvée à proximité et exposée aujourd'hui sur l'enceinte extérieure, face au déambulatoire

     

    L'église de Lanleff

    Statue en granit à l'Agneau Pascal. Trouvée dans l'ancienne église paroissiale, elle est aujourd'hui exposée dans la nouvelle église construite au 19ème siècle.

     

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