• - XX siècle. Histoire d’un bateau ; histoire d’un rêve.

    XX siècle. Histoire d’un bateau ;

    histoire d’un rêve.

     

    Peut être une image de nature et arbre

     

     

     

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    Fin XX siècle.

    Vers 1990 ce bateau…

    Finalement en lui même ce petit bateau n’est plus aujourd’hui que le pâle reflet de ce que hier il fut, de ce que hier son propre rêve fut ; de fait il n’est plus que la résonance de lui même, l’écho d’un certain naufrage, d’un naufrage réel, d’un naufrage personnel, il n’est plus qu’une image surgissant d’un passé tel un pantin désarticulé sortant de sa boîte pour sans cesse se rappeler à l’oubli le plus profond émanant de nos propres mémoires. En effet il FUT avant même d’avoir complètement été…

    Ce petit bateau en réalité possèderait donc lui aussi toute une histoire, sa propre histoire !Si oui ,et au seul titre de cela, il fait lui aussi partie intégrante de notre propre histoire même si celle-ci n’est que locale il est vrai. Mais chaque chose ne possède t’elle pas sa propre page écrite dites moi ? Il fut le rêve d’un homme hors du commun, d’un homme passionné, d’un homme passionnant parce que passionné, homme né artiste dans son âme. C’était son deuxième bateau, bateau fait que de béton et de fils d’acier, d’aciers et de béton mêlés aux rêves.

    Commencé vers 1990 ici même dans ce champ nous vivions alors à Paris, toujours à Paris, et à chacune de nos venues à Lanvallay nous venions voir son avancement, sa propre évolution, pour moi cette «Revolution » bien que les bateaux en béton depuis fort longtemps déjà existassent ; mais pour moi il était le premier, en béton le tout premier jamais vu. Sa structure en acier était magnifique, impressionnante et je revois encore en pensée ses fers épais tous intimement entremêlés les uns aux autres, tous attachés les uns aux autres, tous mutuellement se tenant par une multitude infinie de points de soudures et le tout en un immense squelette de fer. ..finalement le tout formant un gigantesque corselet métallique tel un masque de fer cachant au derrière de lui même toute la souffrance de l’artiste. Que de gouttes de sueurs, que de sourires du travail bien accomplit mélangés à la sueur tiède et saline cet ouvrage, ou cette œuvre demanda ! Tout en son ossature était impressionnant, tout était incroyable, unique et presque magique. Féerique elle était.

    Peut être une image de nature

     

     

    La vallée des Salles, terre sur laquelle il fut commencé, commencé mais malheureusement jamais terminé, était alors déjà le bien de messieurs Frères père et fils. Le côtoyant au plus près les Frères, propriétaire de sa terre, firent annuellement pendant plusieurs années un immense labyrinthe de maïs celui-ci étirant ses couloirs et ses poupées de mais presque aux portes de la Courbure; ce dernier malheureusement ici au port de Dinan était lui aussi condamné presque à sa naissance. Proche de ce bateau fut, aujourd’hui presque entièrement disparu, un tout petit voilier en bois ne proposant malheureusement au vent plus aucune voile à battre.

    À son bord vivait, dormait et se reposait un pauvre hère qui en ce chantier à la tâche de temps en temps aidait; il était grand et maigre, le cheveu long et de mémoire de couleur roux. Je le revois encore de ses mains appliquées poser le ciment de finition, le ciment de lissage sur cette immense armature métallique désormais noyée au sein d’un béton dense et épais ; le chantier alors avançait, le bateau alors jour après jour prenait forme…

    Peut être une image de nature et arbre

     

    Malheureusement pour le bateau son tirant d’eau était beaucoup trop important, et la profondeur de la rivière en cet endroit du canal vraiment insuffisante pour en ses eaux pouvoir le recevoir. L’ultime solution restait en son transport en camion l’emmenant ainsi vers des eaux plus profondes, des eaux plus propices à le recevoir, des eaux proches de Saint-Malo. Mais jamais cela ne fut fait malheureusement pour lui. Pourquoi cela ? Le coût exorbitant de cet enlèvement, de ce déplacement, fut t’il la première pierre qui lui fut au visage jetée ! La bouteille de champagne était très loin de naître…et même appelée à ne jamais naître. Le père de ce bateau un beau matin partit rejoindre tous les marins déjà disparus en la mère de toute chose et le petit bateau du jour au lendemain se retrouva subitement orphelin…orphelin de père mais aussi orphelin de mer.

    L’oubli insidieusement avec les herbes folles commença à faire son œuvre et seul restait au plus près du petit bateau en béton l’homme grand et maigre, l’homme au cheveux longs, l’homme aux cheveux roux et a la barbe souvent plus que naissante. Au lendemain de ce décès l’homme grand et maigre passa ainsi, isolé et éloigné de tous, plusieurs très longs mois, voir plusieurs hivers même, à bord de ce petit voilier en bois et toujours sans voile…et puis un jour lui aussi en silence disparu, sans bruit aucun et sans personne non plus prête pour lui à s’inquiéter. Le bateau en béton et le petit voilier en bois lentement mais sauvagement furent ensemble tous deux envahis par tout un nouveau monde, un monde nouveau et sauvage, un monde envahi de ronces enchevêtrées d’orties et d’herbes hautes de plus en plus indomptables. Le petit voilier en bois très rapidement laissa la place à sa propre pourriture… et puis celle-ci à cent milles mauvaises herbes déjà toutes devenues maîtresses des lieux.

    L’homme grand et maigre, aux cheveux longs et roux, très tôt fut porté disparu et son souvenir en nos mémoire lui même lentement se dilua. Bien des années après, par un matin ordinaire, l’homme aux cheveux longs et roux réapparu. Il fut en effet retrouvé; il fut retrouvé mort noyé dans la Rance, noyé loin de tout et loin de tous. Ainsi parti à son tour l’homme ayant bénévolement travaillé à ce bateau; ainsi probablement partit aussi, l’accompagnant, le rêve personnel du bateau lui même . Ne reste plus aujourd’hui de toute cette triste histoire, qui aurait dû être une belle histoire il est vrai, qu’une coque en béton envahie par les lierres et vide à jamais de tous ses rêves. Brisé dans ses mêmes rêves Jamais ce bateau ne connaîtra de la mer les vagues, jamais ce bateau ne sentira en ses voiles souffler les embruns nés de la mer…

    Construit sur un terrain privatif le temps seul désormais s’occupe de lui et demain…quand entre les grandes herbes sur lui votre regard demain se posera…

     

     

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