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- Charte de la fondation du prieuré du pont à Dinan
Voici l’acte originel de la fondation du prieuré du Pont à Dinan. Nous avons pensé qu’il serait intéressant de le mettre dans son intégralité. En effet, la traduction de cet acte que nous pouvons trouver dans l’œuvre colossale de Dom Morice, laquelle œuvre est déposée dans les fonds de la bibliothèque de Dinan, est incomplète. Il est vrai qu’il ne manque que quelques phrases ; néanmoins ces dernières sont importantes puisque les premières lignes manquantes, par exemple, sont relatives aux raisons même de l’édification de ce prieuré ; à savoir la rémission de tous les péchés commis par Geoffroy de Dinan et l'ensemble de ses parents, enfants et ancêtres compris et ceux de ses hommes aussi.
Défrichant les terres, agrandissant souvent leur domaine sur la forêt proche, dans leur ensemble la plus part des prieurés, abbayes et monastères bénédictins ont toujours favorisé l’apparition d’un bourg avec la venue d’un premier noyau d’individus lesquels venaient se greffer au plus près de ces établissements religieux. Ainsi, dans cet acte, quelques mots manquants repositionnés nous expliquent que Geoffroy de Dinan accordait aux moines de ce prieuré, par cette charte, certains avantages relatifs à tout individus souhaitant volontairement venir s’établir auprès de leurs bâtiments conventuels, que cela soit à l’intérieur même de ce nouveau bourg dit aux moines ou bien à l’extérieur, au plus près de leur place. La volonté manifeste de Geoffroy de Dinan de vouloir créer ou d'agrandir un bourg, peut-être déjà né, est renforcée dans cet acte par ces quelques mots repositionnés aujourd’hui.
Nous présentons toujours cet acte, et peut-être cela à tort, comme étant celui de la fondation du prieuré du Pont à Dinan. Ce même acte cependant nous apprend, au moyen de son récit, que le bourg aux moines existait déjà et que les moines, relevant de l’abbaye de Saint-Florent de Saumur, étaient déjà présents en ce lieu , vivant ensemble auprès de la rivière; la phrase suivant peut implicitement nous le confirmer: à donné à Saint-Florent et aux moines qui en ce lieu servent Dieu ou encore celle-ci : douze deniers sur chaque navire qui viendrait de toute direction, chargés de marchandises, soit qu’il aborde au bourg aux moines…La présence du pont, dont l'existence est citée elle aussi dans cette charte religieuse, confirme elle aussi que le bourg aux moines existait déjà lorsque Geoffroy fit aux moines un ensemble de donations (ou dans les domaines de la même place forte, près du Pont de la Rance). Quand Geoffroy 1er de Dinan accorde certaines libéralités à ces moines, alors déjà présents en cet endroit de la place forte, le bourg aux moines est donc déjà existant. Mais depuis quand celui-ci existe t'il ? Est-il antérieur ou postérieur au premier bourg édifié au dessus de la rivière, sur ses hauteurs ? Aujourd’hui nous pouvons apporter une réponse relativement précise à ces deux questions. Hormis le fait que nous sachions que cet acte fut rédigé entre 1074 et 1118 (les reliques de Saint-Meens arrivant en Bretagne et déposées en l’abbaye de Saint-Florent le 15 février de l’année 1074 (1074 Reliqua St-Mevenni in Bretannia St-Florent XV Febvrius) , et l’an 1118 étant l’année de la mort de l’Abbé maitre Willelhme de Saint-Florent lequel, abbé, est alors l’un des principaux témoins présents lors de cette fondation, nous avons donc ainsi, de ce fait, les deux dates extrêmes entourant l'édification de ce prieuré. Si toutefois nous mettons en relation la venue des reliques de Saint-Méens, lesquelles viennent en Bretagne en 1074, et le fait que certains d'entres elles arrivent au prieuré du Pont à Dinan pour les donations données par Geoffroy 1er , nous pouvons peut-être penser, et cela à juste titre, que cette charte fut faite au lendemain de la venue de ces mêmes reliques, s'est à dire très peu de temps après l'année 1074) nous pensons aussi aujourd’hui pouvoir affirmer que le prieuré du Pont à Dinan a été fondé longtemps avant le prieuré du bourg de Saint-Malo à Dinan. Selon Anatole Jean B.A. de Barthélemy, Auguste Du Patz aurait volontairement avancé en 1060 la date de la réalisation de ce même prieuré.Toujours est-il que sur la charte relatant cette même fondation, Olivier de Dinan est alors en possession des terres et manoir de Helfort et de Notuella en Angleterre, terre obtenues héréditairement de son père Olivier 2ème du nom lequel était déjà entré en possession de ces terres situées dans le comté de Hartland par son propre père, Geoffroy 1er de Dinan. Haec sunt in Anglia vocanturque Helfort et Notuella quae antecessores mei eis ante contulerant…L’âge venant, Olivier 3ème du nom, lequel nait vers 1130 et meurt vers 1190, désire, pour respecter la tradition suivant ses propres termes, finir ses jours en étudiant les Saintes écritures. Pour ce faire, il fit venir en sa ville de Dinan des moines. Malheureusement, l’église de Dinan laquelle avait été édifiée par ses prédécesseurs n’était encore pas entièrement terminée et l’ensemble des bâtiments conventuels pas encore approprié pour recevoir beaucoup de moines. Il demande toutefois qu’un groupe de 8 moines viennent déjà prendre possession d’une partie de ce nouveau prieuré dont lui-même sera de cinquième moine. Il demande à ces derniers l’autorisation de finir ses jours à leurs côtés et de mourir également à leurs côtés aussi. Cette charte implique une date de réalisation du ce prieuré du bourg de saint-Malo vers 1180 ou 1190 (Anatole Jean B.A. de Barthéjemy l’a situe en 1182). Il faut noter sur cet acte l’absence de l’écriture de l’appellation Saint-Malo, que cela soit dans l’appellation de ce prieuré ou dans celui d’un bourg lequel n’est pas cité dans cet acte religieux ; l’église de Dinan est citée, le bourg ne l’est pas, pourquoi ? Ce dernier existe-t-il aussi déjà ? Le bourg aux moines au Pont de Dinan ne serait-il pas également antérieur au bourg de Saint-Malo de Dinan ? Olivier 3ème du nom sera le fondateur de la branche seigneuriale des seigneurs de Hatland ; son fils Geoffrey 1er du nom en effet s’établira définitivement là-bas pour fonder sa propre famille.
(Mélange historique et archéologique sur la Bretagne par Anatole Jean B.A. de Barthélemy)
Pour terminer ici cette page, un autre passage est relatif, quant à lui, à la nature d’une terre donnée aux moines laquelle est positionnée comme étant en bas du château, peut-être l’actuelle plaine inondable située aux pieds des remparts, et aux moyens livrés afin de pouvoir la travailler, en bœufs notamment, les hommes acceptant de venir vivre auprès du prieuré étant placés sous l'autorité des moines aussi. Une autre partie manquante est relative, quant à elle, à la présence des moines juifs lesquels, en l'abbaye de Saint-Florent, servaient les moines bénis. Dans les parties manquantes, quelques noms de témoins sont cités également, notamment le fils Hervé dit fils d'Anscherii. Les parties manquantes ont toutes été retrouvées dans un seul et même ouvrage, celui écrit en 1619 par Auguste Du Patz et intitulé Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne ; ces parties ont été écrites en lettres bleues. Voici cette charte :
Que les contemporains et la postérité apprennent comment Goffredus de Dinan pour se libérer de ses péchés et de ceux de son épouse, ceux de ses hommes, de ses fils et de ceux de ses ancêtres à donné à Saint-Florent et aux moines qui en ce lieu servent Dieu dans la même place forte qui est appelée Dinan , ou dans les domaines de la même place forte, près du Pont de la Rance, des lieux pour faire des moulins, ou bien dans un autre lieu, pour tout ce qu’ils voudraient faire, et à la tête du pont une prairie qui était son bien propre, là où les guerres se déroulaient habituellement et douze deniers sur chaque navire qui viendrait de toute direction, chargé de marchandises, soit qu’il aborde au bourg des moines, soit en une autre partie de la place forte , etc.Une certaine arable qui possède une prairie qui est sous le château dont une moitie est de culture avec la récolte et les bœufs et laisser à ce lieu Saint toutes les choses mentionnées ci-dessus avec leurs revenus et tout homme qui souhaitera demeurer en ce lieu dans l’arrondissement du bourg des moines et de la même manière de l’autre côté du camp. D’autre part, Riwallon le Roux, frère de Goffredus de Dinan donna aux moines susdits dans la vallée près de la place forte une terre pour construire une église, et pour les demeures des moines, et pour faire un bourg, une terre ferme et tranquille sans le moindre droit coutumier à payer à quelqu’un, excepté aux moines. Et pour toutes les marchandises à vendre transportées, soit par voie de terre, soit par voie de mer, au bourg des moines, que les droits en soient acquittés seulement aux moines. Concédèrent ce don Ozio, épouse de Goffredus et ses fils, à savoir Olivierus et Alanus , ainsi que d’autres témoins. A ce don assistèrent Willehm Abbé de Saint Florent en la main du quel fut remis ce don, du moine Guilleux ; Goffredus de Langan, Douat Rainaldus fils d’Eudon, Wilmus Videne, les moines juifs de Saint-Florent serviteurs des moines bénis, Payen Mariscalus, Albertus Cocus, Lambertus Gigotus, Herveus fils d’Anscherii, pour les soldats de la même place forte, Radulfus Vicecomes, Raimon fils de Guihenochus, Guido Gobio, Goffredus de Ferraria, Graffio, Picot de Landa Boilot , et de nombreux autres. Ensuite, le maitre Abbé Willehm porta là bas les reliques provenant de Saint Mevennus , de Saint-Judicaël et d’autres saints, reliques qu’accueillir avec de grandes réjouissances autant Goffredus que la population de Dinan, et Goffredus donna, en reconnaissance de la remise des reliques, au maitre Abbé Willehm, pour usage de ses moines, près de Dinan son marché aux poissons depuis le Pont de la Rance jusqu’au moulin des moines de Léhon, ainsi que lui-même le possédait ferme et tranquille, en la présence et avec l’assentiment de son frère Riwallon et de son fils Alanus en la présence aussi des moines, à savoir Donatus, Goffredus de Langan, Guinechus, Rainaldus fils d’Eudon. Ensuite Goffredus de Dinan donna à Saint Florent, à l’Abbé Wilhem et à ses moines une terre près du Pont de Dinan, sur laquelle était la friche d’Orguenna épouse de Gosceluis , avec la vigne qui s’y trouvait, ainsi que toute la terre jouxtant l’étendue de cette friche jusqu’à rivière de Rance, tous ceux qui à ce jour la détenaient concédant cette terre, à savoir Ansgerius du pont (Ansgerio Scilicet de Ponte, Ansquetillus garçon du même et Garbenus gendre de celui-ci et Alain garçon de Guihenochus, se trouvait la terre de la friche sus dite ; et cela aussi, Riwallon le concédant, terre qui fut donnée aux moines près de la friche. De cela sont témoins en personnes Goffredus de Dinan (1), Alanus fils du même, Riwallon le Roux , Rio fils de Roaldus, Barbot Vicarius et ses deux fils Gorhanus et Jarnonus, Goffredus fils de Goffredus de Ferraria, David fils de Brusellus de Saint Florent, Richard fils de Riwallon, neveu du moine Guihenoch , Simon Archidiacre, Guinaredus Decanus, Rodulphus Bili, Libertus fils Marolei, Eudes fils d’un autre, Ansgerius, Berhandus de Danharia, Guinomerus Gruflin, Alunalt, Armaldus de Labucacia, Goffredus Ricoldus neveu de Rainaldus, Ulronius fils de Robert.
Jean pierre fournier
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