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histoire de lanvallay

1671. La maison de Jan Lechapelier et la fontaine Clairet

 

La maison de Jan Lechapelier avant 1839, année de sa reconstruction dans la continuité du nouvel aménagement du port de Dinan commencé vers 1784

 

 

Le bâti professionnel au 17ème siècle ; port de Dinan en Lanvallay

 

 

 

L’activité du port de Dinan est relativement ancienne. Il est cependant très difficile de remonter au-delà de la fin du 18ème siècle, avant la Révolution Française, puisque les documents anciens nous font alors terriblement défaut.

Nous ne connaissons réellement de l’activité économique ancienne de ce port que la période propre au 19ème siècle, période liée à la navigation à voile et au transport des marchandises par la Rance, transport rendu possible par la réalisation du canal de l’Ille et Rance et, dans sa continuité, par l’aménagement du port de Dinan commencé dans la seconde moitié du 18ème siècle.

Qu’en était-il auparavant ?

Le bâtit existant ou disparut et ses descriptions éventuelles peut nous aider à combler ce vide important ; faut-il encore posséder des actes notariés lesquels pourraient alors se révéler être des sources d’informations intéressantes [Pour le XVII siècle et pour la paroisse de Saint-Sauveur de Dinan ainsi que pour la paroisse de Saint-Malo de Dinan, cela au port de Dinan, ces actes eux existent. Il est en effet un registre lequel fut rédigé au XVII siècle afin de répondre au besoin du "papier du terrier" lequel terrier était régulièrement mis à jour pour référencer les biens bâtis.  L'année 1676 nous apprendra ainsi la possession par Jan Lechapelier d'une maison assise en la paroisse de Saint-Sauveur de Dinan, au pont de Dinan, maison jouxtant et la rivière et le moulin du duc. Il s'agit ici de l'ancien auberge des Trois Rois. Voir le chapitre consacré à cet acte.]

La commune de Lanvallay contient très peu de maisons anciennes antérieures au 17ème siècle sur son territoire. Les plus anciennes, probablement, sont celles situées au port de Dinan, dans le bas de la rue de la Madeleine et de la rue de l’Abbaye, au lieu dit hier la Croix-Verte. Portant, l’activité économique de ce port, à la fin du 18ème siècle, eu une part de responsabilité ou un rôle non négligeable dans la transformation de ce même bâtit. En effet, ces maisons pour la plupart ont été très modifiées et il nous suffit parfois de nous arrêter et de les regarder avec une attention grandissante pour remarquer des modifications multiples apportées.

Dinan à été très courtisé au 18ème et au 19ème par les peintres anglais et ces derniers, sur leurs toiles colorées, nous ont laissé des images de ce bâtit originel aujourd’hui très modifié à défaut d’avoir disparu. Nous possédons donc, au travers de leur travail, des informations visuelles ou représentatives du bâtit d’alors, si nous acceptons leur perception personnel du sujet à peindre.

Nous avons envers nous, personnellement, la description de quelques unes de ces maisons très bien décrites dans leur intérieur sur un acte de dénombrement daté de 1781, donc de la fin du 18ème siècle. Cependant, la totalité des maisons relatives à cet acte ne sont que des maisons dite d’habitation et non professionnelles. Bref, nous n’avons ici aucune description pouvant nous donner, même approximativement, une affirmation sur une activité économique, fut-elle petite, établie au port de Dinan avant le 18ème siècle.

Cependant la chance nous a sourit grâce à monsieur Le Corre ; une pièce écrite d’exception a été trouvée à la bibliothèque de Dinan. Ses archives contiennent en effet l’une de ces pièces tant recherchées. Il s’agit de la description d’une maison à usage professionnel située sur le port de Dinan du côté de Lanvallay quand le chemin de halage n’existait pas encore. Cet acte à été rédigé en 1671 afin de régler les droits de succession et au travers de son contenu, nous avons la description ou la seule trace écrite décrivant, même sommairement, l’intérieur d’un bâtit alors à usage professionnel et assis au port de Dinan. Cet acte nous confirme à lui seul l’existence de cette activité économique antérieure au 18ème siècle. Nous avons donc aujourd’hui, par cet acte écrit, le descriptif tant espéré et la représentation peinte, par un peintre anonyme, de ce même bâtit alors non modifié puisque réalisé avant 1829. Ce bâtit professionnel très modifié dans sa façade, alors à encorbellement, est aujourd’hui la maison située au 39 de la rue de la Madeleine en Lanvallay, au port de Dinan. Voici maintenant l’acte daté de 1671 ainsi que la représentation de ce tableau peint.

 

 

 

L'acte originel

 

 

Le quatriesme jour de Juillet mil six cents

 

soixante et onze devant les nottaires royaux a dinan soube signans a comparu la personne honeste

homme Jan Lechapellier sieur de Cucillé en Son(illisible) et faisant pour soes enfans de son mariage avecq feu

damoiselle Jullienne Rolland, demeurant a sa maison, (1) au foubourcq du pont de cette ville de Dinan, lecquel en acquet

et en la dicte qualittée confesse este homme subject et justiciable du

Seigneur prieur de la Magdeleine (2) au pont a dinan et de luy tenire presemment par la dicte juridiction de la

Magdeleine, seavoire une grande maison sittuée cea (céans, par ici…) le foubourcq de la Magdeleine du dict dinan

couverte d’ardoise consistante en deux cerliers (cellier) un grenier a sel, deux cuisines, deux chambres basses

servant de cuisines cincq antichambres, et boutiques, avecq les estaux porche et devanture, (3) six

chambres haultes avecq les greniers et galetazes (4), autre logement au boult le joignant vers la rue

du Four (5) consistant en deux cuisines, deux chambres et grenier au dessus, la cour au coste de

la dicte grange, maison ou lon entre, tant des dicts cerliers que par une grande porte sur la dicte rue

du four avecq son escallier de pierre jusques a la riviere de Rance, dans laqlle cour souvre deux petits

cerliers et greniers et deux anneaux de latrinnes, le tout couvert dardoises, avecq ces apartenances et

despandances sans reserves, lesquelles chosses le dict sieur de Cuccillé possede en son nom et que recu

tant par sucession escheue a la dite Rolland sa femme de Nicollas Rolland sieur des Croix Rolland (6)

de damoiselle Ollive Hudebert, sa femme, ses pere et mere que par acquest, davecq Bertand Prioul

et Guillemette Lesenice sa femme et de sieur Jan Cheuvel sieur de Badouain (7) et Michel Lucas(e)) sieur

de Saint Buc, et Julienne Lebret sa femme, sur tout que yl doibt de laute a son dict seigneur 

seavoir au jour Sainct Gilles un demie monnoie, (8) et au jour de la chandeleur au SS.(Saint Suivant) un demie monnoie et

au son de la cloche suivant lusage du fief, les dictes maisons logement la cour et despandances

joignant du devant le coste avecq carouel (carrefour)de la magdeleine et rue du Four par le derriere et boult au pont

et riviere de Rance, et de lautre boult a maisons de Jacques de Serville sieur des Maretz (9) et

de Charles Foreste, plus en la dicte qualitté Rolene ( ?) du dit prieuré, un jardin sittué en la dicte rue

du Four contenant dousses coudées de laises ou envirron, joignant dun coste a autre jardin apartenant a

Jullien Aubry sieur de la Daviais i la et en partye hérittier Dollive Hudebert , dautre (bout) a enfant

de Janne Lesné veufue (veuve) de Gilles Lefrançois sieur des Rochettes(10)comme acquereur davecq Pierre

Marot (11) sieur du Motay, d’un boult à la dicte rue du Four et de lautre a la dicte riviere de Rance. Suivant

l’audic (12) il confesse debvoire pour chacun et de lautre deux sels (13 ou sol ) six demie monnoie, au jour efet (prenant effet)

de Saint Gilles foire a dinan, savantaige (davantage) un petit courtil (14) sittué au dessus de la rue de la Baye(pour abbaye)

apellé le courtil Clerette (15) contenant saize coudees de laise joignant dun coste aux heritiers d’Ollivier Girard

sieur de la Vallee (16) austre coste le chemin au tier (17) conduisant de la dite rue de la Baye au chemin des Croix

de Couaquen(18)et dun boult a terre de Macé Douillet heritier de Françoise Rebour feufe avec de lautre (19) et faire

obeissance a cause des dictes chosses .suivant coustumes, ce quil pouver faire et continuer et de

par ce les rentes ci dessus spécifiees pour ladvenir a son dit seigneur et faire sur hypoteque

dicelles chosses fruicts et revenus pour avoir touttes……….(mot illisible) suivant lordonnance

tarifiant le dict sieur de cucille en son dict nom a sa congnoissance

pour le repetter en justice a justice a son procureur Mr (espace laissé non écrit…) et chacun le

premier requiet sans revocation, gre condanne (20) par notre cour de Dinan avec submission (soumission)

et prorogation, les invections faites en lestude de messire Massu notaire royal au dict dinan avec le signé (signature)

du dict sieur de Cucillé et les dicts….(mot illisible)

 

Fait a la jurediction du prieuré de la Magdeleine du Pont de Dinan devant

Massu le senechal et son juge le mardi septieme juillet mille

six cent soixante onze a comparu le dit Lechapelier sieur de Cucillé lequel

a fe verisfié la presente piece veritable et la cellé ( ?) aussi

phrase illisible…………………………………………………

Ont signés : Lambert greffier ; Jan Lechapelier ; Massu notaire royal

 

Tr(Transcripti       [Traduction rédigée personnelle...]

 

 

Signature de Jan Lechapelier

 

 

 

Annotations ou tableau explicatif complémentaire

 

1- L’auberge des trois Rois ; elle serait aujourd’hui posée sur la chaussée et accolée à la boulangerie actuelle du port de Dinan.

2- Seigneur prieur : Comme tout prieuré, le prieuré de la Magdeleine était une seigneurie. Le plus ancien seigneur connu actuellement est Jehan Le Clerc, prieur comandataire du prieuré de la Magdeleine en 1543.  

3- Devanture : Partie extérieure d’une boutique.  

4- Galetaze : Nom donné anciennement à un logement pratiqué sous les combles, grenier ou mansarde.Ce terme était aussi utilisé pour designer les pierres d'étales situées dans les embrasures de fenêtres, pierres basses sur lesquelles se faisaient les ventes.  

5- Rue du Four : Ainsi nommée par la présence du four prieural. Ce four est cité dès 1556 sur un acte de dénombrement relatif à l’énumération du bâti de cette église. 

6- Croix Rolland : En Lanvallay où s’élève aujourd’hui la résidence sise rue du Rocher. Jadis était ici présent un château ayant été construit au 12ème siècle par une branche cadette des sires de Dinan.

7- Badouain :Peut-être la terre dite de Baudouin située à l’extrémité du quai de Dinan à la Courbure. Ancien moulin. Vincent Leroy sieur de la Chesnaye et époux en première noce de Marie-Rose Jan dite demoiselle de Baudouin épousera, en seconde noce, Laurence Lechapellier. Voir arbre de généalogie…  

8- Monnoie : N. f. XIIe siècle, Emprunté du latin moneta, tiré du nom de Juno moneta, « Junon qui ave...monnaie ». 

9- Marets : Terre située en bordure du halage, après le viaduc et se situant dans l’aplomb de la rue de l’Abbaye.  

10- Rochettes : Manoir situé en Lanvallay construit soit à la fin du 16ème siècle soit au début du 17ème siècle. 

11- Pierre Marot : Fils de Macé Marot et de Guillemette Rolland sieur et dame du Cheminneuf en Lanvallay.Trésorier du Prieuré de la Magdeleine. Leur pierre tumulaire est aujourd’hui exposée à la Maison de la Rance.

12- L’Audic : Peut-être Auditeur; fonctionnaire chargé de préparer les décisions dans certains tribunaux administratifs.

13- Sels : Sur certains de ces actes notariés, les sommes dues pouvaient êtres versées en natures diverses. La gabelle, impôt sur le sel sous l’ancien régime, rendait obligatoire le fait d’acheter annuellement, pour tout sujet du roi, une certaine quantité de sel. Ici on note la présence d’un grenier à sel avec tous les bénéfices que cela suggère… 

14- Courtil : Petite pièce de terre sur laquelle on cultivait le lin.

15- Clerette : Pour Clair ou Claire. Une fontaine dite la Fontaine Clairette est citée dans la vallée de Bretagne surplombant la rue de l’Abbaye dans un acte notarié du 18ème siècle. (Une venelle de servitude menant à la fontaine Clairette…) Cette vallée dite de Bretagne surplombe toujours et la rue de l’Abbaye et la rue dite alors du Chemineuf, aujourd’hui la rue de la Madeleine. (Cette rue sera également appelée chemin de St-Malo et de Dol sur un plan de Garengeau daté de 1701).Cette venelle de servitude assure toujours la desserte de ce grand verger appelé depuis le 18ème siècle la « Vallée de Bretagne ». Ce verger sera la propriété en 1723 de François Asseline, époux de Perrine Guérin, dit sieur du Cheminneuf. (Note : Janne Jan, née vers 1590, épousera Olivier Guérin dit sieur du Cheminneuf ; elle est la belle sœur de Gillette Marot fille de Macé Marot sieur du Cheminneuf ci-dessus.) 

16- Vallée et Chemin au Tier : Peut-être la Vallée de Bretagne toujours desservie aujourd’hui par cette voie de servitude laquelle desservait en 1771 et la fontaine Clairette et la vallée de Bretagne. Dans la rue de l’Abbaye n’existe qu’une seul voie de servitude et c’est cette dernière. 

17- Nous avons sur cet acte un Courtil dit le courtil Clerette lequel est borné comme suit : Joignant d’un côté aux héritiers d’Ollivier Girard, sieur de la Vallée (vallée de Bretagne ?) par l’autre côté par le cheminau tiers conduisant de la rue de l’Abbaye au chemin menant aux Croix de Coëtquen. Nous avons à faire ici à un chemin second (trait d’union) entre la dite rue de L’Abbaye et le chemin menant sur la route de Dol et de St-Malo. Ce chemin de servitude, aujourd’hui privatif et coupé dans sa remontée par la rue actuelle du Lion d’Or, construite lors de la réalisation du viaduc, est peut-être cet ancien chemin cité ici pour délimiter le courtil de Jan Lechapellier. Si cela est, ce passage, aujourd’hui servitude, était hier une petite voie de communication ou petit raccourcit pour atteindre, à travers les hauts Coteaux, le chemin principal menant à St-Malo. 

18- Couaquen : Pour Coëtquen, seigneurie en St-Helen. Dans l’acte de dénombrement du prieuré de la Magdeleine, acte daté de 1543, la rue de l’Abbaye est ainsi appelée : Le chemin de l’abbaye quel (lequel) conduist es (en les) Croix de Coïsquen. La rue actuelle de la Madeleine, anciennement rue de la Magdeleine ou du Chemin-Neuf n’existait probablement pas encore à la fin du 15ème siècle. Le premier sieur du Cheminneuf, portant ce titre, est Jean Marot né au début du 16ème siècle, père de Macé Marot ci-dessus dit sieur du Cheminneuf également. Il est le premier à porté ce titre ; son père et son grand-père étant tous les deux sieurs de la Meffray en Saint-Samson. Jean Marot décède le 15 mars 1581 et le titre donné à son bien bâtit, peut-être la maison actuelle assise à l’angle et de la rue de l’Abbaye et de la rue de la Madeleine, peut correspondre éventuellement à l’apparition de ce chemin de communication plusieurs fois modifié depuis dans son tracé. Seul le chemin de l’Abbaye, chemin situé dans le prolongement de la rue actuelle dite du Jerzual, permettait alors de remonter et à pied seulement, sur les hauteurs de Lanvallay et de prendre ainsi soit la direction de Rennes, située à droite de la ville de Dinan, soit la direction de Saint-Malo via la seigneurie de Coëtquen en Saint-Helen. Cette bifurcation se faisant quant à elle sur la gauche de la ville de Dinan. Il semble donc ne pas avoir eu de sortie principale et carrossable du port de Dinan par la rive droite, au port de Dinan, avant la réalisation de ce chemin appelé « le Cheminneuf ». La liaison en voiture à cheval de Dinan-Lanvallay et Lanvallay-Dinan, jusqu’au 16ème siècle, devait très probablement se faire à partir de la porte du Guichet défendant le château de Dinan, via le chemin aux Anes situé en amont du pont de Léhon. 

19- Feufe avec de lautre : Macé Douillet héritier de Françoise Rebour veuf de Françoise Rebour (de l’autre…)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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