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    Les Yeux de l’Outre-tombe

     - la Résurrection -

     

     

    J’aimerai en le Monde sans faille

    Voir les vers en mon corps osseux,

    Sentir l’humide plaine au ventre noir

    Brûler la loque de ma peau fade,

    Humer le cri des bois sans cieux

    Pourrissant dans l'Entresol moite.

    Dans des linceuls emplis de sommes                                                   Murmurent les épidermes poudreux                                                     Quand pleurent nos morts plein de douleur,                                                Quand des Croix sur un monde sans Dieux                                        Abreuvent de pureté milles tristes aïeux.

    Vous, mortels, toisez dans le creux

    De ces puits l’Oeil au large regard

    Plongé vers ce monde sans nuage

    Malgré ces terres lourdes et boueuses.

     

    Quand nos corps veillés de démons

    Descendront l’escalier des plaintes,

    Quand les vermines, pleines de nos chairs,

    Tapineront dans l’Outre-tombe,

     

    Quand les fleurs posées sur nos pierres

    Embaumeront votre monde serein,

    Laissez la mort au bec glabre

    Dépecer nos cadavres assagis,

     

    Laissez la nuit, tombe silencieuse,

    Endormir nos restes poussiéreux.

    Les heures écument les immondices,

    Cela est-il un beau présage ?

     

    Jean Pierre

     


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    Il est préférable d'affronter une fois dans sa vie un danger que l'on craint que de vivre dans le soin éternel de l'éviter

    Le Marquis de Sade

     

     

    Le Quai des oubliés

     

    Crevez l’Outre de tous les vents salés

    Laissant aux bords de noires rues pavées

    Nos fragiles fétus déguenillés ;

    Ils sont l’Oiseau à l’aile opprimée.

    Les Dieux n’ont-ils pas à la rosée

    Offerte une fleur issue du brasier ?

    Mais l’Impur meurt, pris dans son pécher,

    Par une langue soumise et égarée;

     

    Verlaine, doux ami de l’Aliéné !

    Dans ta meurtrière absinthe, blessé

    Au corps par le dague de l’Effronté,

    Tu laissas au fond des bars les jets

    De ton mal, poèmes empoisonnés.
    Ton membre brûle dans mille mains débauchées

    Quand des éphèbes, aux mœurs inavoués,

    Ouvrent leurs braies pleines de verges esseulées,

     

    Quand leurs doigts sur les glaives maculés

    Se souillent de semences éjaculées.

    L’ombre de ces râles toujours empierrés

    Sur tant de quais m’attriste. Ces bruits, nés

    Aux détours de noirs soirs perturbés,

    Troublent mon lit où je dors si blessé

    Entendant leurs complaintes éprouvées

    Quand de ces membres naissent des eaux nacrées.

     

    Même la nuit, quand la pluie trempe l’orée

    De ces envies ivres du charme osé,

    Voit l’amant solitaire éploré

    Dans l’attente d'un pieu roide gonflé et mouillé.

      Ô! froid, adoucit l'heure sans pitié

    Quand des mains moites aux doigts esseulés

    Tant brulent leur chair en le noir des quais;

    Quant au loin naissent seuls les échos usés.

     

    Oh Verlaine ! Pleure dans ta tombe esseulée

    Puisque ton corps, dans ta tourmente troublée,

    Toujours suinte. Voit ces êtres désemparés,

    Hommes nus, vers pourrissants et oubliés,

    Fendre l’enfer de ruelles dépravées ;

    Soit l’amant de ces vils êtres effrontés,

    Soit cette main impure mais tant recherchée...

    Puis toujours mille verges chutent, seules et usées.

     Jean-Pierre. Automne 1996


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    Les rêves Marcelins

     

    Que devient le ciel sur les Monts bleus

    Sombrant dans l’abysse ténébreux ?

     

    Il me revient à la mémoire

    Des danses , enivrantes et lunaires;

    Votre regard orné de lumière

    Où l’ange allume les jeunes étoiles;

    Et vos bras pleins d’ivresses gourmandes;

    Et votre peau vêtue du satin

    Que jalouse l’intrépide matin.

    Je me souviens d’un rêve…Silence !

    Le ciel écoute la valse sans bruit

    De nos pas dans l’Hymne sensuel

    Puis écoutez, tendre fruit charnel,

    Le noir envieux de nous languit.

     

    Ecoutez le jour coléreux

    Impatient et impétueux.

     

    Il me revient à la mémoire

    Une nuit saoule, ivre de ma jeunesse…

    J’entends votre joie magicienne

    Quand j’ai cueilli dans le Grimoire

    La plus belle des Eternités

    Pour vous vêtir d’Or et d’Azur ;

    Notre danse, comme un fruit frais et mur

    Abreuvant les dieux séculiers

    Parfume encore le doux présent.

    Et si la jeune lueur sauvage (1)

    Etouffe notre temps dans son sillage...

    Qu'importe, l’Espoir est mon offrande.

     

    Le jour se soulève silencieux

    Irisant le ciel de notre feu.

     

    Pour Marcelle.  Dimanche premier Février 1998.

    Jean-Pierre

     (1) le temps qui passe


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    La Putain des rues

     

    Mais hurle donc, jeune putain des rues

    Quand la pluie bruine et ose entreprendre

    Les courbes chemins incestueux

    De ton corps si plein d’amertume ;

    Quand seule l'acide froideur des vents

    Blesse de ton cul la fesse soucieuse...

     

    La frêle teinte de ta chair, si pâle,

    Brule l’Heure d'une cruelle Solitude

    Quant sur la blancheur de ta plaine

    S’abreuvent des mains rudes sans rivage;

    Percent alors les aboiements bruts

    De mille gueux saoulés de vos sels.

     

    Ecoutez la colère des soirs

    Quand des pierres, trop sollicitées,

    Ploient sous ces fesses silencieuses ;

    Quand vos ombres fades, amers miroirs,

    Tend l’Appât aux gars embrumés ;

    Quand pleurent mille yeux, impurs et pieux.

     

    Nos cordes raclent et trop souvent brisent

    La frêle couche où meurent vos enfants

    Laissant en vous une peur profonde.

    Vos vies lasses en silence s’épuisent

    Sous nos pieux si avilissants;

    Vos espoirs  seuls ce soir me rongent...

     

    Laisse la vile morsure et l’ivresse

    Des épanchés au gris bitume ;

    Délaisse  nos ventres inassouvis

    Vomissant leurs envies sereines

    Et prend seule dans mon crépuscule

    Mon songe né pour toi qui supplie.

     

    Pour toi, pour vous. Jean-Pierre

     


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    Les Etoiles cendrées

     

    sombres Nuits ! Séculaires compagnes…

    La couleur si noire de vos songes

    Envenime les maux où brille l’Onde ;

    Ecoutez gémir nos corps las,

     

    Les étoiles aussi meurent de froid.

    Frémissez et versez nos cœurs

    Où la lune prend sa douce pâleur,

    Où l’aube assassine tous les soirs.

     

    Vos laitances seules traversent nos voiles

    D'airain et s’en viennent doucement

    Raviver, dans de froids silences,

    L’hymne ivre de nos pauvres corps si roides.

     

    Tel un Dieu puissant et sévère

    Le bord béant du gouffre s’éveille ;

    Non ! Restez ! Devenez Dames sombres

    Ces fers qui seuls nous lient au monde

     

    Mais l’Aurore déjà tôt vous émarge

    Et maintenant, douces mies, j’ai peur.

    Les jeunes jours fougueux dans le large

    S’enivrent de nos chairs et vous heurtent

    Mais je ne puis prendre mille sourires...

    Mon Dieu ! Au Graal où les soirs meurent

    Verse mon chant trop amer et pleure

    L' Ombre des corps si seuls et ivres. 

     

    Mercredi 30 mars 1994. Jean-Pierre

     


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