•  

    Les Epeires

     

     

    Sots. Trop épris de femmes aux vagues regards,

    Icônes maculées et par tous aimées,

    Mille viscères toujours brulent en ces naufrages...

    Et des destins seuls meurent assassinés.

     

    J’ai encore posé aux bords de mes lèvres

    Le vieux gout âcre de l'un de ces poisons,

    De l'un de ces baisés pleins de tous les fiels,

    Royaumes magiques où les plus vils démons

    Chaque jour s'abreuvent au noir de puits sans fond.

    Blessé, l’humeur suinte encore de mes plaies,

    Plaies creusées dans mon corps nu de sa chair... 

    Mon être résonne t-il encore de l’Immonde ?

     

    Serai-je une frêle brisure jetée au loin

    Comme meurt l'épi dans un torride été ?

    Suis-je l’ortie qui pousse sans aucun levain

    Ou bien la craquelure d’une terre séchée ?

     

    Je voulais m’abreuver à un tel Sein

    Comme une reine abeille gourmande de doux miels ; 

    Sentir deux corps s’aimer au bruit des reins

    Quand les plumes souples se courbent chaudes et douillettes,

    Dormir sur son ventre et d'un souffle serein...

    Mais mes chairs tant éventrées par l'Ogresse

    En des nuits débauchées par le Malin

    Toujours brulent au bûcher des seuls regrets.

     

    Mon Epeire au diadème, épris d'un monde,

    Laissa dans l’éther mon corps tant violé…

    Me faut-il sans fin sombrer dans l' Outre-tombe

    Sous  les regards laiteux des momifiés ?

     

    Septembre 1995. Jean-Pierre

     


    votre commentaire
  •  

    Les Rivières d’Automne

     

    Ô nos vies ! Livres sans âge, recueils enfiévrés,

    Vous êtes toutes les flots de longues eaux intrépides

    Et sans fin ; le Nil serpente-il l’Eternité ?

    Mais vos ires enragent, écument, roulent et expirent

    Sur tous les sables. Chimères ! Quand le noir m’oppresse

    Et que  sourcent des bruits d’enfants alors paresse

    Mon cœur, seul. Et je puise dans l’hymne de leurs joies

    Mes heures, ces calmes troubles d’où naissent mes émois.

     

    Je me souviens de mon trop jeune temps, si frêle;

    Des doux mots de Maman et de mon seul père ;

    De nos pas dans les froids chemins d’écoliers;

    De nos classes tiédies par des poêles parfumés.

     

    Les pages de nos livres s’envolent, pleines et si ivres !

    Et le vieux temps, à la jeunesse éternelle,

    Mène le soleil vieillissant dans son couchant

    Quand les ciels flambent sur la berge ; alors brillent les Soirs

    L’Automne nous parant de mille couleurs sereines.

    Soyez dans nos heures de tendres doux sentiments

    Ou le seul reflet bleu où puisent nos espoirs ;

    Soyez la seule source fraiche où s’abreuve la Vie.

     

    Il est des jours jeunes, puis anciens et soudain

    Il est de grands rêves restés inachevés ;

    Mais il est un amour, mon corps qui brule sans fin…

    Cherchez ! J’ai tant pour vous de si tendres pensées.

     

     

    1997. Pour l’anniversaire de Marcelle. Tendrement.

    Jean Pierre

     


    3 commentaires
  •  

    L’Eternité

     

    Je voulais dessiner sur l’air Fripon

    Le tendre mot, soulever le voile nu

    Du jeune jour étirant sa brume

    Et verser en terre le chant d’un songe ;

     

    Je voulais creuser le lit des rivières

    Pour semer dans une eau limpide et claire

    Le reflet d’une saison couleur de neige,

    Pour parsemer au vent l’onde pâle d’hier ;

     

    Je voulais plier le temps mécréant

    Et flotter dans l’averse des jours sans bruit,

    Tailler l’épine où tombe le cheveu blanc,

    Vendre les heures passées à trop vieillir ;

     

    Je voulais cueillir le rêve à la berge

    Elevée, entendre le bruit céleste

    Du vent soulevant l’oiseau dans ses ailes,

    Ecouter la pluie d’où l’on tire la grêle ;

     

    Je voulais aimer le monde altier

    Et frustrer le sol de sa sève sans nom ;

    Parfumer la terre où reste seul l’aiglon

    Quand l’aile tirée, sur la glèbe tombe blessée

     

    Mais je ne puis qu’aimer la douce tête

    Penchée sur mes heures fragiles et si frêles ;

    Je ne puis qu’aimer le sein éternel

    De ma tendre Maman, toujours si belle.

     

    Pour ma tendre Maman. Octobre 1993.

     

    Jean-Pierre

     


    votre commentaire
  •  

    Les Enfants sans nom

     

    Ecoutez notre clameur quant tant de nos fruits légers

    S’écoulent en les creux de ventres rougis par les Epées,

    Quand vos gouffres, inassouvis, recueillent nos grains semés...

    La nuit râle et les corps glissent en des humus ouatés.

     

    Mais des calices, trop sereins, regorgent de vies sans sève

    Le poison piétinant les Semences livrées, offertes

    En holocauste à la nudité de sèches Déesses.

    La nuit se trouble et se noie en des faits sacrilèges.

     

    Je vous rejette tant ! Dans vos ventres emplis de torpeur

    Nos membres s’éreintent en ces coupes assassines, puis se leurrent

    Aux rivages de cruelles lèvres quand meurent frêles nos liqueurs;

    Nos enfants sans visage aussi meurent sur l’Autel de vos peurs.

     

    Nos corps chutent et se noient dans ces puits, ô! désespoir,

    Emplis de larmes tiédies nées d'offrandes tombées au soir.

    Pleurez, enfants nés d’un rêve éphémère et sans voix,

    Pleurez sur le marbre froid de l'un de ces corps sans foi.

     

    Ô mon enfant ! Dans  mon temple (1) si plein de rêves impies

    Rejoint mon cri de jouissance bien amère et si triste

    Et noie les flammes de ces couches enlacées mais si vides ;

    Je veux brûler au seul creuset où ma semence puise.

     

    Jean-Pierre.  Poème corrigé le 18/02/2013

     

     

     (1) poésie


    votre commentaire
  •  

    Les Matins sereins

     

    J’aime la tiède pluie, le vent, 

    Les fleurs épanouies,

    Ce sont les mots Satin 

    D'une Aube née sur les champs ; 

    J'aime sa brume qui gémit

    Aux fonds des sillons pleins.

     

    J’aime vos rêves indolents,

    Le flot d’une lune sereine;

    J’aime le rire des enfants

    Quand le jeune jour étincelle,

     

    Les bords d’un ciel sans rage

    Quand tombe la fine rosée 

    Pleine des pleurs insoumis.

    Les étoiles aussi, nées

    Dans la Semence qui passe,

    Tremblent au son de mes bruits.

     

    Et puis le chant ému

    Du vent fier entrainé

    A pousser l’effluve pur

    Des fleurs enivrées.

     

    J’aime l’herbe trempée d’écume,

    Le silence réveillé 

    Par un bruit qui émarge ;  

    J’aime sentir l’air sans fard

    Frissonner dans l’Azur

    Quand glisse l’Astre éclairé.

     

    Mais j’aime, avant toute chose, 

    L’éclat bleu d’un regard 

    Plein de silence sans mots,  

    Plein des troubles qui seuls égarent… 

     

    Jean-Pierre

     


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires